n dirait bien le premier jour de la fin du monde, même si on est la veille. Il est presque dix-neuf heures et déjà mon esprit se tend, s'imagine demain dépourvu du monde, du monde comme ambiance, comme faculté, comme commencements possibles. C'est déjà une fin du monde qui ne ressemble à rien. Je connaissais celle de l'An mil, des mayas, ou de H.G.Wells. Fins du monde imaginaires, ou potentielle comme l'Effondrement promis par les collapsologues.
Celle d'ici et maintenant s'est rapprochée, elle s'attaque à nos corps vivants. La fin du monde s'incarne. Paradoxe, si on considère que nous sommes dans une époque toute en images, vecteurs et graphes, capable de nous paramétrer l'existence comme jamais. Pourquoi la fin du monde s'en prend-elle à nous aussi directement ? Nous avons fait de notre planète une création mentale presque parfaite, et nous voilà ramenés aux corps. Nous repartons en marche arrière. Qui saura trouver un nouveau récit pour ramener le monde à sa juste place de créature ? Nous devons écrire le mot fin en grosses lettres, au bout du chemin que nous traçons, c'est le contrat. Cette fin du monde est un coup bas...Allez, arrêtez, d'accord ? C'est pas drôle.