u descendras enfin du train
en provenance du centre de tes espérances
pour entrer au centre de ta vie
accessoirement sur le terre-plein en ciment
au bord de la ville singulière où tu débarqueras
la gare est exposée sud-sud-est
à côté des wagons endormis en voie de garage on y a vu ces derniers temps
un homme attendant chaque jour
grand soleil ou grisaille, peut lui importe, il fait pousser des fleurs sur les bords
des rails longtemps, si longtemps silencieux
ce jardinier tu le connais, même si
tu ne sais rien encore du visage de l'espérance
si elle affichera petite mine, si ses yeux seront grands et ses lèvres sèches
sa présence accordée aux grandes vagues qui balaient tous les douze ans l'abyssal sensible
le fond de toi-même où toutes les statues inachevées attendent
tu n'en sais rien
confiné dans une boite close tu es
mais ta figure de marbre et de nuages attend déjà là-bas
la gare est fermée, ou plutôt elle ne sait pas encore qu'elle est ouverte
elle ne s'appelle pas du nom de la ville que tu connais
elle s'est collée un panneau à la place de l'horloge
espoir y est écrit
dans une police de caractère qui préfère la danse aux barrières
tu tournes en rond, encore
tu oscilles entre reddition et révolte
une chose après l'autre, sais-tu
l'espoir demande à être arrosé
la porte à être ouverte
les possibles ne sont naïve foi
dans les folies échevelées des poètes
qu'à la mesure de la peur si fidèle
entrelacée au commun des jours
qui passent invisibles, affamés