a bave de l’escargot pétille sur l’herbe
il est passé par là l’escargot
tiens il repasse sur sa traîne
attends il recommence encore à passer
son petit château nervuré palpite au bord
de l’indifférence des hommes impatients
l’herbe n’ose se redresser
pourtant la lumière les oiseaux et l’écorce rude
le temps de l’herbe est vert
nulle horloge ne pousse au long des chemins secrets
des jours de pluies anciennes
l’escargot le sait qui chemine vers
quelque destination inconnue
des hommes
il bouge à peine l’escargot
à la peine il bouge
sa peine ondule tant qu’à sa suite
on dirait bien du sang transparent
l’escargot bouge à petite vitesse
lenteur obstinée à narguer les moustiques là-haut
empêtrés dans leurs ailes de carton
affairés dans tous les sens de nulle part ailleurs
ils viennent vont reviennent
nul sens sillage signe
ne laissent délaissent
piétine pavoisent et piétinent
coquille cassée
au tendre printemps
de la mort recommencée
encore et
encore
et encore
encore