oixante-sept partis sur l’arc-en-ciel. Brillants, cinglants, les cœurs bien protégés. En avant, toujours ils marchaient, même sur l’avenir. Ils n’auraient pu être pairs de quiconque. Les pairs se reconnaissent, les pairs sont faibles. Ils étaient une armée faisant couler la sève sanguine pour pure dévoration. Les jours devant eux n’avaient pas le temps de venir, de finir et encore moins de se poser.
Ils s’empoignent à pleines mains pour se compter. Le nombre fait chair. Aujourd’hui la chair se perd dans les allées d’acier surplombées de nuages épais. Combien sont-ils, aujourd’hui ? Certains prétendent qu’ils furent soixante-sept. Je ne sais que pousser celui qui est devant moi, repousser les autres sur le côté. Devant ne compte pas. Devant, c’est obligé.
Je l’ai égorgé. Son sang giclait, par moments. J’ai ri. Aujourd’hui, il pleut des vaches et des machines à coudre. Aujourd’hui, le ciel nous défie. De l’avant, hurle mon casque. De l’avant, tu sais bien, c’est une certitude que nos pieds connaissent, car nos têtes trompent. Nos têtes craignent l’avenir et pleurent le temps où nous étions. Et tue, et meurs ! Au temps où. Meurs ! Soixante-sept !
Soixante-sept années parties joyeuses, chacune à leur tour. Hommage. Et meurs, et tue !