• UE de souche ?

    L'UE se fortifie, se ferme, se cloitre devant les hordes étrangères, démunies et affamées. Au pied de leurs lignes Maginot respectives, les responsables UE déploient leurs barricades et leurs menaces. Hier, ils pleuraient devant un enfant noyé...

     

     

    UE de souche ?

     

    UE de souche ?l y a quelques semaines à peine nous assistions à un concert de larmes européennes. Autour de la dépouille d'un enfant sur une plage s'était organisé un de ces buzz dont le Net, et sans doute quelques professionnels de presse, ont le secret. Soudain l'enfant rejoignait la célébrité dans la mort, devenait icône et emblème de l'UE. C'était le 3 septembre.

     

    L'Autriche ouvrait ses portes alors à « des milliers de migrants », le chancelier autrichien appelant même à des sanctions financières pour ceux qui « ne joueraient pas le jeu ». « La Hongrie [mobilisait] des cars pour les migrants ». L'Espagne des responsables, toute entière secouée, déplorait une « image [...] "effroyable", par la voix de Rajoy, chef du gouvernement. L'Italie affirmait que « L'Europe ne [pouvait] pas seulement s'émouvoir" "[elle devait] aussi se bouger".
    Les sondages révélaient un peuple allemand prêt à accueillir les réfugiés. Merkel suivant le mouvement, déclarait que l'UE a « de manière globale un même droit d’asile », que tous les membres doivent appliquer « le plus rapidement possible ».
    Quant à la France, elle n'était pas en reste. Bartolone, président de l'Assemblée, mobilisant les villes socialistes, Cambadelis alimentant l'indignation, la volonté d'agir. Valls n'hésitait pas à écrire sur son propre compte Twitter « Il avait un nom: Aylan Kurdi. Urgence d'agir. Urgence d'une mobilisation européenne". Hollande lançait avec Merkel cette grande mobilisation d'accueil, car les moyens, les structures et les volontés existantes n'étaient « « pas suffisantes, pas assez rapides et pas à la hauteur ».
    L'UE toute entière devenait enfin cette communauté humaine espérée, phénix sorti du cartel des comptables, du réservoir financier des banques, de la prison des peuples cigales. Les plus pauvres, les plus démunis, les plus inaudibles pouvaient enfin crier « Asile ! » et être entendu, accueillis...Pas tout à fait, pas vraiment.

     

     

     

     

     

    Aujourd'hui, l'Autriche est décidée à ériger un mur pour empêcher les hordes de migrants venus par la Slovénie pour fuir la Libye, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan en guerre, ou la Grèce, le Bangladesh, la Somalie, le Timor et autres contrées broyées par la misère.
    La Macédoine y pense très sérieusement.
    En Bulgarie, c'est déjà fait. Sur sa frontière avec la Turquie, une barrière de 3 mètres de haut sur une trentaine de kilomètres et plus si elle n'est pas assez haute, pas assez longue.
    L'Espagne a été la première a lancer la mode des barrières. 6 mètres de haut, truffée de capteurs et de caméras dans ses possessions en terre africaine, Ceuta et Melilla.
    Pour la Grèce, ça ne date pas d'hier non plus. Dans les années quatre-vingt, la frontière gréco-turque était infestée de serpents. A l'initiative des turcs, disaient les grecs. Aujourd'hui, la technologie domine. Barrière. 12,5 km.
    La Hongrie s'est contentée de barbelés sur sa frontière avec la Croatie. Bien denses, ça fait des murs infranchissables en deux tronçons de 38 et 78 km sur la frontière avec la Serbie.
    La France a élevé une double clôture sur les 3 km de rocade qui mènent Calais. C'est le premier pas qui coûte.
    Même politique, même fermeture pour les états tchèques, polonais et slovaques.

     

     

     

    C'était hier, je n'ai pas rêvé, l'UE de la fraternité. A peine deux mois auparavant. Pourquoi aujourd'hui découvrons-nous maintenant l'absolue envers du carton-pâte. Pire, une UE déjà morcelée depuis bien longtemps, multipliant les alertes aux migrants, les chassant, les parquant, les maltraitant quand elle ne les tue pas ?
    A l'évidence, quelque chose n'est pas apparu dans les radars de la presse, il y a deux mois. Aucun brillant éditorialiste, prompt à verser de belles larmes bien rondes sur le visage glacé d'un enfant syrien, n'a rappelé que l'UE dans son ensemble continuait à rejeter systématiquement les Aylan et leurs familles. Cécité si générale derrière laquelle il faut voir sans doute une volonté d'habiller le soldat en bonne sœur, le responsable national et UE en être humain. Comme si quelques événements récents, à Chypre et en Grèce, avaient introduit le ver dans la belle vitrine UE.
    Comme si ces journalistes du pouvoir cherchaient sciemment à évacuer la misère et la mort, les coulisses sombres. Consignes peut-être pour certains, auto-censure pour la plupart, ils ont prorogé avec zèle, image et son cette UE qui assurément n'a pas vocation à être sans frontière, ni terre d'accueil, si ce n'est au compte-goutte.
    Depuis toujours ? Au moins depuis très longtemps. Valls ne déclare-t-il pas qu'en cette affaire la France doit faire preuve de « solidarité, d'humanité, de générosité...mais aussi de maîtrise et de responsabilité", comme un certain Rocard, ancien premier ministre, affirmant, il y a plusieurs décennies déjà, que « la France ne peut accueillir toute la misère du monde », même « si elle doit en prendre sa part.
    Hollande, ces dernières semaines, demande à ses collègues de ne pas faire de murs, ce qui témoigne d'une ignorance étonnante ou d'un cynisme achevé. Son ministre de l'Intérieur ne s’embarrasse pas de ces pudeurs médiatiques. "Je n'exclue pas qu'il faille créer un poste de préfet chargé de la migration dans la région et utiliser l'armée afin de la contrôler", a déclaré la maire de Calais. A sa suite, Cazeneuve martèle qu'il convient de « renvoyer vers leur pays ceux qui n’ont pas vocation à s’installer en France ».

     

     

     

    Hollande et autres chefs d'états crient haut et fort qu'il faut lutter contre le FN en France et toute l'extrême-droite européenne. Mais quand Marine le Pen déclare, si elle est élue, « Moi, j’arrête toutes les subventions qui viennent en aide aux migrants car elles contribuent à inciter les migrants à venir », qui peut déceler une différence entre ce mur verbal et les barrières d'acier que cautionnent et construisent ses prétendus opposants ?

     


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