• De la plume et de l'oeuf

     

    J'ai proposé ce texte à la revue Lu...si qui l'a refusé, tout en trouvant qu'il s'agit d' « un très beau poème [?]», mais qu'elle ne peut « publier en l'état ». En l'état, cela signifie que des noms d'auteurs sont cités. Le texte contrevient donc aux règles qu'impose Lu...si, stipulant que « Tout sujet touchant à la politique ou à la religion ou sur un sujet entraînant polémique ne sera pas accepté."

     

    Je ne connaissais pas les règles de Lu...si et j'avais publié chez eux un petit texte, il y a quelques mois, peut-être un an. Comme quoi, on a toujours intérêt à lire les conditions de publication, chez un éditeur ou une revue, ou autre.

     

    J'ai mis fin à ma collaboration avec Lu...si.

     

     

    ntre l'histoire et le style s'est tissée une collaboration pérenne. Dans la tête de l'auteur, elles tirent pourtant chacune de leur côté obstinément, sans en avoir l'air, pour la prééminence.

     

     

    A l'aune des chiffres de ventes français, on ne peut se tromper, l'histoire écrase sa rivale. Musso et autres Grangé, Pancol, Levy, dominent le paysage littéraire avec une écriture délavée, inodore.
    Le combat n'en demeure pas moins vif entre les partisans du style et les tenants de bonnes histoires, qui ne voient qu'affectation dans cette recherche d'une écriture singulière, et leurs adversaires qui ricanent sur ces textes aussi vite lus qu'oubliés, aussi uniques qu'une pile de scénarios dans les bureaux de Paramount.

     

     

    Je n'ai pas choisi mon camp dans cette confrontation ancienne. J'en veux pour preuve les débats récurrents que j'anime au fond de mon crâne, en cette période toujours un peu équivoque et fatiguée où je viens d'achever un roman et tâte mon envie d'en attaquer un autre.
    Viennent dans mes ruminations des ombres de souvenirs, des personnages crayonnés et des bouts d'histoire squelettiques. Des bribes de sensations aussi. Sensations ancrées qui émergèrent récemment ou il y a quelques décennies. Je peux avec facilité évoquer le sentiment que provoqua en moi l'écriture d'une nouvelle de Ballard ou le style de la dernière page de Le Vent, de Claude Simon. Mais l'histoire de tel ou tel livre aimé devient très vite obscure, même si je ne perds jamais de vu qu'une bonne histoire se dévore.

     

     

    Dans ce combat douteux, l'idéal s'appelle illumination. Celle qui livre un début, une fin, un fragment avec une tonalité propre. Il s'écrit en vous, soudain, sans prévenir. Les bases de son déploiement historique sont là et son écriture est caractérisée, il est tout équipé. Ce n'est pas si fréquent. Il faut n'y pas penser avec obstination, boire beaucoup et pratiquer nombre d'activités répétitives qui larguent l'esprit dans des limbes où il rumine loin de votre surveillance implorante.
    L'usage ruminant du dictaphone peut aider, le brainstorming ou l'écriture de textes périphériques, préparatoires, compulsifs, dilatoires et envieux, pourquoi pas.

     

     

    L'écriture de cette histoire à venir n'en sera pas moins l'histoire de son écriture.

     


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