petits pas, obstinations diverses
Par alainLasverne
es figures du voyant espagnol rameutaient l'homme
Ses présages nous alarmaient
Ses corps cubiques étalaient l'avenir démembré
Plus loin ses ombres présageaient la machine à gripper et trancher
L'assurance du désastre côtoyait si bien l'arrogance d'un dernier bal
L’entrechat des couleurs séduisit d'abord les demoiselles
Elles dansaient au bord du précipice, devant nous autres ignorants
A supputer, à s'étonner au pied des horizons neufs du prescient
Adorer ou maudire, nous en étions là, en plein calme blanc
Pauvres fous, pauvres demoiselles, pauvre monde qui si peu discernait
Dans les sombres larges des toiles flottait l'annonciation
Il savait peut-être, Picasso, que le pire était de faire unanimité
L'effroi venu de sa main n'ignorait rien du mirage
Dans les tons troublés des coulisses marinait l'angoisse
Il savait, je crois, les créateurs savent la fragilité d'une ébauche
Vous ne voyez pas combien instable est la fulgurance initiale
Vous ne savez plus combien de lunettes occultent votre vision
L'homme Picasso riait beaucoup à exposer ses blocs d'humanité
On le saluait, on l'adulait, on se l'arrachait
J'espère pour lui qu'il ne faisait qu'étaler des rêves qui le dépassaient
Poussé à livrer l'Alpha et l’Oméga dans un irrépressible pressentiment
Aujourd'hui, nous sommes devant la porte du camp
Le festival est monochrome, rouge pour être précis
On débite de l'homme a la criée
A la criée, on m'adjoint d'avancer
Mon tour dans l'enchère
Devant nos maîtres sur les gradins occultés par la nuit.
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