petits pas, obstinations diverses
e premier tour des départementales 2015 a consacré un parti vainqueur : l'abstention. Il s'agit de transformer l'essai, d'ouvrir les vannes pour balayer la Vème République.
On ne peut rien attendre, aujourd'hui, des partis, si ce n'est le pire ou l'impuissance, parce qu'on ne peut rien attendre des institutions majeures de la République, le système électoral et les deux chambres législatives, l'Assemblée Nationale et le Sénat.
La mascarade
Il faut toujours quatre fois plus de voix pour un député UMP que Pcf. L'élection est elle-même gouvernée par la visibilité médiatique, parfaitement truquée.
Médias
Si l'on pense qu'un programme politique devrait être présenté de manière égale à un autre, alors il faut bien constater que les émissions électorales favorisent 100 fois plus les gens au pouvoir que les « petits » partis et des partis de Gauche, si l'on détaille les mesures de temps de visibilité pour chaque parti, données par le CSA.
Si l'on pense que toutes les programmes politiques ont droit à une audience égale pour un choix véridique, il faut bien constater qu'ils sont soit quasiment étouffés, soit martelés comme des publicités, suivant que le parti qui les porte est au pouvoir, ou pas. Le CSA appelle ça « pluralisme », en réalité il s'agit d'une visibilité donnée de manière si asymétrique, si injuste qu'elle s'apparente à un permanent travail de maintien des partis au pouvoir. Lesquels n'ont pas de crédit, mais des voix, comme Mamie Nova qui vendait plus que les autres parce qu'on la voyait tous le temps à la lucarne. L'effet pavlovien de reconnaissance remplace le choix éclairé.
Argent
Si l'on pense qu'un programme politique devrait être financé comme un autre, alors il faut bien constater que l'argent va dans une proportion cent ou peut-être deux ou trois cent fois plus importante vers les partis au pouvoir, qui bénéficient déjà de millions d'euros de financement étatique parce qu'ils sont au pouvoir. Ce qui était prévu pour maintenir une stabilité (au nom de quoi et quel type de stabilité, ceux qui ont conçu ce système ne se sont jamais expliqués là-dessus) favorise l'immobilisme et le clientélisme, autre nom de la corruption.
Corruption
A tous les étages. Pour ne prendre qu'un seul exemple, on a vu un ex-président inviter à des dîners de plus en plus privés des intérêts privés – banquiers, hommes d'affaires – avec une proximité, une écoute, un échange donc, de plus en plus « intime », à mesure que les sommes versées devenaient de plus en plus grosses. On suivra avec intérêt la masse grandissante des fraudeurs locaux et nationaux qui prostituent la République pour un compte offshore, comme le tristement célèbre Cahuzac, que les socialistes appelaient le meilleur d'entre eux.
Monarchie
Les institutions issues de ce système électoral sont dévouées à une ploutocratie. Un quarteron de possédants, - les Arnaud, Lagardère, Mulliez et autres patrons de multinationales, obscènement riches et prêts à tout pour garder cette montagne d'argent et ce pouvoir d'esclavagiser la société, grâce aux politiques et aux institutions qu'ils mettent en place pour empêcher le peuple de prendre ce qui lui appartient : la richesse qu'il produit et le pouvoir qu'il incarne.
Institution
La chambre des députés ne nous représente nullement, à commencer par l'âge.
La tranche des cinquante – quatre-vingt monopolise les fauteuils, imprimant un conservatisme permanent, un refus des innovations, une peur du changement, une exigence de respect institutionnel qui bloque la nécessaire irrévérence, la saine bousculade d'une République diverse, évolutive et dynamique.
Elle ne nous représente pas par les revenus.
Déjà un député gagne 5189,27 euros par mois + 6412 euros bruts de prime pour régler les dépenses liées à l'exercice de ses fonctions. 11500€ nets environ, sans compter la prime pour payer les collaborateurs. Moins de 1% de la population gagne autant ou plus. Pendant ce temps près de 5 millions de personnes sont allocataires de minima sociaux.
Elles ne nous représente par la diversité de leurs origines. On est dans le blanc monocolore, « white » comme dirait Valls. En lieu et place d'une image réelle des français, on chante la France diverse et on donne une poignée de strapontins politiques à de gentils noirs, arabes et autres ethnies exotiques.
Elle ne nous représente pas par le patrimoine.
12% de la population n'a AUCUN patrimoine. Les députés et sénateurs en ont un conséquent. Il faut noter l'absence de statistiques sur le sujet, mais on peut penser, si l'on regarde la société un peu lucidement, qu'à des revenus hors du commun correspond un patrimoine hors du commun. D'ailleurs, certains sont assez connus pour ne pas être forcément nécessiteux – Valls, Fabius, Hollande...Si l'on dépouille les déclarations de patrimoine, on verra vite que l'unité de compte est la centaine de milliers d'euros, minimum.
Elles ne nous représente pas la catégorie socio-professionnelle.
On n'y trouve pas un seul ouvrier réel pas un seul employé dans les services ( 33% de la pop. active), pas un seul chômeur (21% de la population active) ni un seul agriculteur (1,3%) – je parle d'agriculteur pas d'agro-industriels - pas un seul CDD non plus, le statut précaire le mieux partagé de France. Ils vous affirmeront le contraire, ces mercenaires à écharpe tricolore. En réalité, les élus de la caste ont un travail permanent une fois élu, une seule fois élu. La caste leur trouve toujours une autre activité, bien payée, s'ils sont défaits aux élections suivantes. Quitte à inventer un job improbable (cf Luc Ferry et autres missionnés dans une ambassade, ou un territoire lointain à auditionner des manchots, voire recasés à la télé [Bachelot] aux côtés des rejetons pistonnés de grands patrons).
Les sénateurs sont évidemment dans le même profil, sauf que ces gérontes n'ont même plus de problème de chômage. Pour ne pas se faire inquiéter, contrer l'effet des corruptions qui émergent, l'utilisation discrétionnaire de l'argent public (réserve parlementaire), les sénateurs ont eu l'audace de se doter d'une chaîne, alors qu'il n'y aucune chaîne proprement citoyenne ou associative, lesquelles donneraient la parole politique, citoyenne à ceux que cette caste est censée représenter.
Alternative
Face à la débâcle, la prédation de la République par quelques loups richissimes secondés par des canailles à écharpes et micros, rien ou presque.
- Des partis de Gauche qui se débattent dans la nasse médiatique et institutionnelle, qui subissent des échéances sans pouvoir faire autre chose que conforter une système de prédation en propageant son hégémonie sans limite par leur activité, leur présence même qui légitime le système. Candidats sincères, vertueux et inaudibles s'ils ne sont pas embarqués. Ou marionnettes affairée du système, grimés en rose, en bleu ou en brun - possibilité de mixer plusieurs couleurs, comme Valls.
- Les départements sont en sursis, les villes aspirés par les Métropoles non-élues de notre ami socialiste fromager, les régions promises à la concurrence - ce qui est exactement le contraire des lois de la République qui garantissent l'égalité de traitement et de moyens. La carte électorale ne représente que les censeurs, les élections sont garanties aux mêmes partis hyper médiatisés et financés par l'argent privé de démocratie.
- Pas de médias alternatifs conséquents – un réseau Net que les dernières lois contre le « terrorisme » vont vite bâillonner, sans que la presse déjà étouffée ne proteste, ni n'alerte.
- Pas de referendum – un million de voix pour un referendum d'initiative citoyenne, c'est mission impossible -, pas de programme politique non seulement audible en régime médiatique pollué, mais même imaginable, en termes de réalisations concrètes, quoi qu'en disent certains qui croient que les institutions ne portent pas en germe le ferment d'un blocage de réformes réellement profondes.
Système verrouillé.
Choix politique
Devant ce champ de ruines, l'exigence première et non négociable d'un parti de réelle transformation sociale progressiste devrait être qu'on arrête le massacre. Stopper cette roulette truquée, la démanteler parce qu'elle ne peut que faire perdre les joueurs et gagner la poignée de richissimes propriétaires du casino. Voilà un programme profond, subversif et vraiment citoyen.
Quand au citoyen lambda, dimanche qui vient, je l'incline à avoir la lucidité et le courage de résister aux âneries de droite comme de gauche.
Ânerie faucialiste : ne pas voter, c'est faire « le lit » du FN. Le FN n'a jamais prospéré que grace aux politiques menées contre le peuple, aux politiques corrompues, aux institutions fonctionnant contre leur mission d'intérêt général, en vase clos, de manière monarchique et autoritaire. Le FN n'a jamais prospéré que grâce à la Vème République.
Ânerie de Gauche (Fdg et autres) :
Prendre l'UE permettra de reprendre la République française. L'exemple de l'arraisonnement du Portugal, de l'Espagne, de la Grèce et de Chypre ne montre-t-il pas combien le Parlement européen est mis hors-jeu, inféodé à l'Euro-groupe et à la Commission UE ?...Et même si on oublie cette hiérarchie, comment peut-on faire une politique progressiste avec une écrasante majorité parlementaire à droite, voire à l'extrême-droite ? Comment empêcher aussi les milliers de lobbies, là-bas et ici, de persuader et corrompre les rares députés européens responsables ? Comment empêcher dès le premier mois un député européen de mettre de côté ses convictions, face à un salaire de 25000€/mois ? Tant que cette Gauche aveugle, pourtant à mes yeux la seule porteuse d'un espoir de changement, n'aura pas compris qu'il faut abandonner l'UE, sortir de cette machine mortifère, pour sortir à Gauche, alors rien ne sera possible.
Dimanche, allez prendre l'air. Il va faire beau, paraît-il.