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Alain Lasverne.

Alain Lasverne.

petits pas, obstinations diverses


Victor Hugo mon père

Publié par alainLasverne sur 12 Juillet 2020, 08:45am

 

 

Victor Hugo mon pèree passé entoure le présent de grandes gerbes vénéneuses

 

c'est pour ça qu'on l'appelle le passé

 

tu n'en savais rien mon père tu n'en sais rien

 

d'ailleurs tu n'en sauras jamais rien

 

le passé qu'est-ce que tu en as à faire

 

juste le passé de tes cellules là-bas dans le grand cercueil

 

il est pas si grand ton cercueil

 

il est tout petit finalement

 

il a juste une grande place dans ma tête là-où

 

je voudrais ranger les ombres et les feuilles mortes

 

tout ce qui encombre ma mémoire

 

ma tête voudrait avancer mais

 

alors je repars vers le passé

 

je reviens vers d'autres et toi

 

sans cesse pourquoi je reviens vers toi

 

qui m'a oublié et pourquoi m'as-tu oublié

 

même pas connu à peine vu

 



 

des fois j'aimerais m'appeler Victor Hugo

 

écrire un poème bien carré

 

qui fait couler de belles larmes rondes sur mes joues

 

chaque fois que je l'entends

 

non je ne l'entends pas

 

j'avance à travers Victor Hugo

 

ma bouche fore son chemin

 

et ce qu'elle dit c'est

 

je vais bientôt foncer vers ta tombe

 

juste à quatre cent kilomètres de moi

 

j'enfoncerai mes mains jusqu'à ce que je bute sur toi

 

j'arracherai la grande boite de la terre

 

j'arracherai son couvercle

 

et j'arracherai ton cœur qui doit être bien vivant au fond

 

en tous cas bien vivant au fond de moi

 

et moi je ne peux pas l'arracher sinon

 

je m'arracherai moi-même de ma vie et ça ferait désordre

 



 

la belle langue nôtre forgée dans une magie multiplicatrice

 

quelque chose la pousse vers l'avant

 

cette chose s'appelle le triptyque

 

une des choses que j'aime chez elle

 

chez nous

 

avec lui elle peut marcher dans des espaces joyeux

 

même s'ils sont infiniment tristes

 

je marche dans la langue au lieu de marcher à tes côtés mon père

 

je n'ai jamais pu marcher à tes côtés d'ailleurs toi non plus

 

tu n'as même pas su faire le premier pas

 

tu m'as vu et tu t'es enfui

 

et alors je ne sais plus ce je voulais dire

 

 

à toi ou au vent qui passe sans m'attendre

 

 

dès le départ tu as fermé la porte

 

 

devant moi tu as rayé un monde

 

 

avec toutes les raisons du monde

 

 

trop mal fait pour que nous vivions

 

 

père et fils ensemble

 

 

je suis resté derrière la porte

 

 

et je te vois

 

 

je ne cesserai pas de te voir

 

 

sauf à certaines heures du matin ou du soir

 

 

où je flotte dans un monde accueillant

 

 

dans notre langue

 

 

 

 

 

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G
Coupes ce cordon qui s enroule autour de ton cou tel un boa
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H
Trop bien, décidément il est fort Victor !
Répondre

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