usqu'aux années 74, les français vivaient dans un pays où il y avait du travail, même si les inégalités sociales n'avaient rien de glorieux, déjà. Ils croyaient encore à la protection sociale, la cohésion des groupes sociaux, l'avenir, les pics glorieux du passé – 89 et 68 - la technologie, la croissance et les vertus de la politique comme de ses représentants.
Tout cela est perdu désormais. Pour le leur confirmer, ils ont aujourd'hui droit à des simulacres qui rendent l'enlisement encore plus évident et difficile à digérer. Ainsi, du premier simulacre qui a lancé des vœux d'une sinistre vacuité, alignant phrases après phrases d'une voix atone, entre optimisme publicitaire et prétentions en carton-pâte. Les simulacres seconds tous en chœur ont appelé cela « volontarisme » avec la moutonnière unanimité qui caractérise une profession déportée à droite de la droite et ligotée par l'argent d'une poignée d'individus qui entendent bien proroger ce coup d'état permanent sur les esprits.
De fait, le président Hollande n'avait ni message, ni conviction, juste l'intention avérée de tous les simulacres dépourvus donc de la conscience et de la vie qui la nourrit : perdurer pour servir d'autres fins. La première étant d'entretenir l'illusion qu'il y a un pilote dans l'avion, la deuxième que les USA ne veulent pas re-vassaliser la France avec un AMGOT réussi, imposé par tout le poids des multinationales apatrides et de la corruption endémique de notre pays.
Pendant l'enlisement, la descente vers ce qu'une fasciste anglaise assez connue appelait « la société des individus » se poursuit. Les projections basées sur des faits ne peuvent enrayer l'accumulation de gravissimes dérives.
Panne de la croissance. Elle ne repartira pas, en dépit des palinodies de Hollande et de ses mercenaires roses. L'appareil productif a été méthodiquement délocalisé, et d'abord par les grosses entreprises qui ont toutes leur siège à l'étranger et leur activité majeure hors de France. Les quelques entreprises qui ne dédaignent pas encore la France sont aux mains de gros sous-traitant, pour délocaliser toujours et servir les rentiers qui les financent.
D'abord, par définition pourrait-on dire, la croissance ne peut repartir car on se refuse obstinément chez les patrons et les politiques à offrir des salaires décents, pour ne dire justes, et créer des emplois, car tout cela n'est qu'un coût à leurs yeux. L'argent restant donc, comme l'argent déversé par l’État, est détourné vers le système boursicotueur et gave une poignée de patrons ou d'actionnaires – et sans doute pas mal de politiques via les paradis fiscaux – pour constituer une monarchie post-moderne dotée d'un richesse et d'un pouvoir dont le Roi soleil aurait rêvé.
L'appareil d’État s'efface avec diligence et méthode pour leur laisser la main, conformément aux réquisits permanents des nouveaux maîtres. Pour quelques deniers en paradis fiscal (cf Cahuzac, part émergée de l'iceberg) et quelques strapontins dans le nouvel ordre mondial marchand. Il fait semblant d'agir avec quelques fanfares grotesques et nuisibles - barrages, aéroports et autres sites d'enfouissements. Autoritarisme VS volonté politique. Faut-il rappeler que les notions de « droite » et de « gauche » font partie d'un horizon événementiel depuis longtemps rangé dans les tiroirs poussiéreux de l'histoire populaire. Une histoire des peuples acteurs que les simulacres ont pour ordre d'exciser des mémoires au plus vite. La puissance régnante nouvelle s'enfle déjà et brûle d'écraser les obstacles.
Garanties d'existence obsolètes. Mis à part, le fascisme mercato-politique, les français sont confrontés à quelques fins majeures et quasiment impossibles à réguler.
La fin climatique, d'abord. Évidemment, les seuils définis par le GIEC seront enfoncés, ils l'ont été à chaque fois. Occurrence programmées de tempêtes, séismes, marées dévastatrices. Le changement climatique, c'est maintenant. Multipliez les dévastations qu'a subi le sud-ouest (par exemple) ces dernières années par quatre ou cinq, en nombre et en puissance, et vous aurez une idée de l'impact climatique à venir sur nos vie, nos avoirs, nos activités. Si rien n'est fait. Et rien ne sera fait car cela nécessiterait in fine de ralentir l'activité économique et de la raisonner, bref de planifier de nouveau. Pour le maître et ses simulacres, c'est un délit de communisme passible d'une fatwa médiatique massive.
Le nucléaire est également en bonne position pour « impacter » nos existences précaires - comme disent, avec un léger accent texan, les ânes qui vont chapeauter leur école de commerce par un séjour dans les usines US de lavage des cerveaux démocratiques. 56 centrales se bousculent pour diverger, ce qui ne saurait attendre, le minimum syndical de sécurité étant franchi à la baisse. Non seulement par la disparition de syndicats combatifs, mais par la simple évidence que la sécurité est inversement proportionnelle à la recherche de profit. L'ignorance des consignes et des moyens matériels sur les rapports d'incidents des centrales, depuis de nombreuses années, le choix de matériaux au rabais par certains constructeurs pour des infrastructures aussi dangereuses que l'EPR ne forment que la partie émergée de cette course aveugle vers une catastrophe dont on ne connaît pas la date, mais dont on sait qu'elle aura lieu. Comme ont eu lieu Fukushima et Tchernobyl.
La protection sociale, comme le travail, est un insupportable coût pour le fascisme rose, bleu, brun, patronal, expert, médiatique. Elle sera donc éliminée. La France est un grand pays qui à des Hollande et des monsieur Jourdain. La France est un pays peuplé par des êtres que les zélites n'ont plus envie de voir, d'entendre gémir et de laisser enrayer les belles feuilles de routes qu'ils ont en main. Tafta, Tisa, l'UE des régions, l'agenda 2020, l'agrandissement de l'UE, tous ces plans magnifiques développés par les amis des banques et de l'impérialisme US ne sauraient se voir freinés par des êtres qui n'ont pas vraiment de conscience, mais un ventre, et incapables de voir leur vie comme une œuvre d'art. Des anonymes caractérisés par la peur de tomber dans le vide dès qu'il ont perdu les salaires et privilèges immérités, qui n'écoutent que leur peur et qu'il faut donc frapper, et frapper encore, jusqu'à ce que la peur les obnubile et les paralyse. Seront donc supprimés les prestations sociales, en commençant par celles dont on peut aisément justifier la fin. Les retraites, qui payent des oisifs, les mutuelles, de toute façon en difficultés financières, les congés parentaux qui légitiment la paresse, les prestations aux transports...Toutes petites compensations aux difficultés structurelles des salariés seront éliminées rapidement, car insupportables pour celles et ceux qui disent le bien et gagnent suffisamment pour regarder en riant cette obole générale qu'est devenue la Sécu. A terme fin de la vieille Dame, facteur stupide et obsolète de sécurité et de cohésion, qui heurte directement la fluidité nécessaire au marché de l'esclavage salarié.
La suite des difficultés majeures qui nous attendent dans la partie II, en ligne la semaine prochaine.