u creux du canal il ruminera bientôt ses containers fantômes
la marée montante des avides l'a broyé
ça suffit marmonne la mer au chevet de ses plaies
il va chercher sa fin au fond du bassin le reconnaîtrez-vous
la carcasse de ce qui fut n'escaladera plus l'horizon liquide
sur son pont les fantômes basanés hurlent en vain
il croyait traverser toujours la mouvance complice
coulent les années de trime enchaînées au écrans divins
tout engourdi le cargo égrène et vis et ancres et cordages
quelque chose de fatal signe l’œuvre des hommes
les yeux se détournent de la silhouette brunâtre à quai
son lit de mort sème des lueurs glaciale sur sa coque
les eaux seules porteront sa croix
même la vengeance n'aura plus d'espace dans son corps désossé
---------------
Rio Tagus stop
les complaisants pavillons ne se sont plus affichés sur ses mats
stop les soutiers
les pistons de chair ont coupé les moteurs
stop les soutiers
de braise et de graines sevrés leurs pas n'ont plus trouvé de pont
stop les soutiers
sans nom sans foyer sans futur ils ont maudit la terre
stop les soutiers
entre eaux mortes et navire défunt ils ont cessé d'exister à eux-mêmes
stop les soutiers
souffle le Rio Tagus aux derniers jours du dernier quai