n vote à la voix cassée.
Le système électoral est biaisé. Découpages après redécoupages de la carte électorale l'arithmétique « un homme, une voix » n'engendre plus un nombre mécanique d'élus. Auparavant, au temps où la droite régnait, il fallait compter cinq fois plus de voix pour obtenir un député de gauche qu'un de droite. Aujourd'hui, la droite est plus que jamais au pouvoir. Votre vote pèse lourdement, ou rien du tout, et vous n'y pouvez rien.
Un vote qui rime riche.
Les gros partis touchent chaque année des sommes énormes pour des tracts et des affiches sans contenus, destinés à la poubelle. Le PS, 25 millions d'euros, LR (ex-UMP) 19 millions, le FN 5 millions. Les partis majoritaires en voix touchent des sommes qui n'ont rien à voir avec les autres, particulièrement avec les petits partis, qui ne touchent..rien. Prime à la publicité contre le projet, prime au monolithisme contre le changement, l'innovation, la transformation. Prime encore à la quête effrénée d'argent avec les dons privés autorisés. Prime au mensonge, à la servilité devant la richesse, au dévoiement croissant du message démocratique qui repose sur l'intégrité.
Un vote amnésique.
Programme politique de la majorité des partis de gouvernement : l'oubli. Toute élection est aujourd'hui un chèque en blanc. Pas plutôt élu que le candidat revient sur toutes ses promesses, quand il ne retourne pas complètement sa veste. Hier, Sarkozy fut éjecté de l’Élysée par le peuple avec une indéniable fureur, pour avoir grandement divergé de ses axes de campagne et copiné avec ses financeurs. Comment finira Hollande et son abandon total de sa mission comme de ses valeurs de gauche, pour une pratique plus à droite que son prédécesseur ? Sans doute en charpie, malgré le temporaire rebond dans les sondages grâce aux va-t-en guerre, aux déclinistes et aux cyniques misant sur la mobilisation comme levier d'une étape supplémentaire de "la stratégie du choc".
Un vote anti-démocratique.
Malgré les postures et les promesses de droite comme de droite, ou du FN, le vote est la bénédiction, aujourd'hui, à la destruction des moyens de la démocratie. Ainsi de la Sécurité sociale, pilier du programme de la Résistance aux nazis, qui avait vu et supporté la collusion des riches, et notamment des industriels sous l'occupation, avec le colonisateur. Touraine, ministre socialiste la brade aux mutuelles. C'est toute une déperdition accélérée des institutions protectrices qui est mise en chantier : Prud'hommes, Inspecteurs du travail, services de Santé gratuits dans les communes, Hôpitaux, Crèches...Avec la construction à marches forcées d'un état fasciste basé sur un contrôle forcené de la population – assorti de garde-fous dérisoires – un quadrillage policier étouffant, des sanctions démesurées pour le moindre fait de refus, de révolte. Bref, une dictature soft rose-bleu et bientôt brune.
Un vote hallucinogène.
La capacité de jugement politique est gravement altérée par l'information donnée aux électeurs. Le monde politique, les valeurs politiques, les décisions politiques sont perçues, décrites et appréciées selon un prisme de droite, ou d'extrême-droite. Particulièrement par les médias de déformation continue que sont BFMTV et I-télé, mais tous les médias subventionnés et tenus par le Marché ont abandonné la critique, fondement de la raison citoyenne comme journalistique. Ils développent la pensée des pouvoirs, prennent ouvertement parti pour eux. Pire, ils interdisent la présence d'une opposition, même timide. L'exemple le plus caricatural étant les émissions d'un « journaliste » nommé Calvi ou jamais on ne peut voir une personne de la Gauche de gauche, de Gauche donc, ni une idée émanant de ce côté du monde. Cette politique explicite est confortée par la vision fasciste imposée par le PAF qui diffuse massivement des séries policières US à bas coût, imposant heure après heure, jour après jour, un monde composé uniquement de flics et de meurtriers sanguinaires, sans circonstances atténuantes, à qui on dénie l'humanité et qu'on traque comme des animaux. Faudra-t-il s'étonner de voir certains français tomber dans la haine de ceux qui sont différents d'eux, ou voir des politiques servir cyniquement des boucs émissaires étrangers à ceux que leur politique, leurs privilèges, leur postures monarchiques écrasent ?
Un vote vendu.
La corruption gagne l'ensemble du territoire, touchant particulièrement les élus. Le système les surveille peu – forcément, ils en sont les concepteurs - et ne les sanctionne quasiment pas, ou avec une lenteur absolument organisée par le sous-financement de la Justice, quand ce n'est pas la corruption des juges eux-mêmes. Le laxisme, la cooptation criminelle du groupuscules des écharpes fait qu'on peut toujours voir penchés sur la bauge aux avantages et privilèges des Dassault, des Balkany, des Sidot et autres Cahuzac au petit pied. Imitation garantie jusqu'en dans les mairies reculées, « de province », comme on dit dans la novlangue JT. On peut dire que c'est toute la représentation politique qui est à son propre service d'abord, à ceux d'une poignées d'intérêts privés ensuite. Grand absent : l'intérêt général. La réponse est toujours la même : circulez y a rien à voir. Ou comme l'a déclaré une ex-ministre, pur produit de la Fabiusie qui sévit encore en Normandie, V. Fourneyron « Il faut laisser la politique aux politiques ».
Un vote non-représentatif.
Regardez vos élus. Vos maires, vos présidents de départements, de régions, même vos conseillers municipaux, vos députés, vos sénateurs. Combien d'employés, combien d'ouvriers, qui sont encore deux millions à s'échiner pour des salaires minables ? Combien de jeunes ? Combien de pauvres ? Combien de SDF ?...Vous sursautez, un SDF à la mairie, à la Région, à l'Assemblée, quand même pas...Evo Molarès, président de Bolivie menant une politique sociale des plus remarquables, a passé une partie de sa vie dans la rue.
Les œillères de la caste mono-colore, riche, anglo-saxonne de cœur, monarchique de pulsions, privilégiée de statut, nous contaminent à notre insu. La solution initiale, c'est de lui interdire l'entrée. Nous devons redessiner la République selon une vision du monde démocratique. En finir avec la représentation qui fait des représentés les serviteurs, les obligés des représentants. Nous devons reprendre la France à notre compte.
Premier pas, sortir du sas débouchant sur cette représentation censitaire en place.