sous le soleil difforme
dans les nuits monstrueuses
quelque chose disparaît
nous cherchons du bout des yeux
nous n’osons pas défier l’atroce équilibre
qui quoi peut-être
les vitrines les bureaux les appartements
résonnent
dans la ville des bêtes courbées
les villages prennent un peu plus de gris
et de crocs
personne ne demande à la lune hagarde
quelque chose disparaît
sur les places là où nous nous rassemblions
ce parfum inconnu si familier
ce bidon d’air pur gonflant les rêves inédits
cette pluie chaude nettoyant les consciences à venir
quelque chose disparaît
nous essayons les écrans
nous essayons les machines
nous essayons les tunnels spectaculaires
nous essayons l’auto-mutilation joyeuse
déchirés les mots
contrefaites les bouches
zélés les cris
soupirons et grognons
nous caressons jusqu’au sang
nous repoussons et nous étirons
à nous arracher les membres
sans bruit nous agitons les signes
la communauté des fantômes se perd
même dans les cimetières
au plus près
au plus loin
nous allons
et revenons
sans fin
nos chaînes tiennent bon
nous avons forgé nous mêmes
les maillons somnambules