ne longue nouvelle située dans un futur proche, possiblement insurrectionnel, et
une salve de poèmes écrits durant le premier Confinement. Voilà ce que je vous
invite à lire, ainsi que l'ensemble des articles, poèmes, recensions et nouvelles que
propose ce bimensuel de qualité (forcément...). Si vous aimez la littérature, la poésie, la
philosophie, les arts visuels, lisez et commentez. Il n'y a pas d'amour abstrait, seulement
des preuves d'amour...
https://proprosemagazine.wordpress.com/2021/11/28/c-comme-confinement-n7-8/
https://proprosemagazine.wordpress.com/2021/11/28/au-bout-des-paralleles/
Au bout des parallèles (extrait)
AFP – 16/05/2022 — 18h07 – Gilles Demanon — Paris
Un cortège s’est formé Place de la République, à partir de 15h. La manifestation étant
interdite, les forces de l’ordre sont intervenues à 15h30. Dix escadrons armés de LBD et
de lance-grenades ont tenté de rejoindre la place, mais se sont heurtés à des barrages
mis en place par des groupes d’individus semble-t-il bien préparés et armés. Il s’agit
de la cinquième manifestation inorganisée depuis quinze jours. Les manifestants
seraient soutenus par une partie de la population rouennaise, ou extérieure. Les
manifestants ont repoussé à plusieurs reprises la police, qui n’a pas fait usage des
lance-grenades ou autres armes de défense. Nos correspondants sur place n’ont pas
réussi à déterminer qui organisait ni quels étaient les motifs avancés pour la
manifestation.
A seize heures trente, la police a réussi à atteindre la place, après de nombreuses
échauffourées. La manifestation ne présentait aucune banderole. L’ensemble des
manifestants, quatre mille selon le Ministère de l’Intérieur, vingt mille selon des sources
extérieures, était majoritairement vêtu de noir et demandaient la démission immédiate
du gouvernement.
La Seine coule ses eaux sans âge au pied du quai. Rien à faire de ce qui passe si vite sur
les cinquante mètres de béton entre elle et ces expansions humaines qui finiront en
gravats puis dans son lit. Nadine souffle sur la vitre. La buée cache la rivière. Martin se
tourne vers elle.
— Tu rêves ?..
Elle recule, toujours face à la fenêtre.
— Non, je me disais qu’on a la station les pieds dans l’eau et je crois qu’on n’a jamais
fait une seule émission là-dessus.
Martin hausse les épaules, quitte son fauteuil et marche jusqu’à la machine rouge vif,
contre le mur. Café. Il se retourne vers Nadine. Les collègues et néanmoins concurrents
l’ont fait, il s’en souvient, maintenant. Nadine a travaillé un temps pour les
consciencieux collègues de France Bleu, sur le quai d’en face. Pas que des bons
souvenirs, pour ce qu’elle en a dit.
Nadine n’a plus rien à ajouter. Elle se sent lourde des jambes, des fesses, de partout.
Trop d’heures on air, trop d’heures de réunions...