ur sept candidats à la primaire de la « gauche » de droite, trois semblent de possibles vainqueurs. Le reste fait office de faire-valoir – Pinel, Rugy, Benhamias – en quête de récompense ultérieure, où incarne l'ombre portée de Hollande – Peillon -, quand ce n'est pas son propre ego.
Ce texte a pour idée de regarder ce qu'ils proposent, promettent concrètement, avec l'angle de vue d'une personne vivant dans les classes populaires. Dont on peut penser qu'elle cherchera en premier lieu quatre éléments fondamentaux pour sa vie de plus en plus dégradée, grâce à notre ami Hollande.
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mesures pour la hausse des revenus
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mesures créatrices d'emplois
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mesures pour la hausse des « filets sociaux » et aides matérielles (logements sociaux...)
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mesures pour la hausse des retraites
Les raisons pour lesquelles sont retenues ces mesures et pas d'autres, vous les trouvez ici :
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=957&id_groupe=11&id_mot=89&id_rubrique=3
http://www.eurocompar.eu/salaires-et-revenus.10.datas.htm
http://www.journaldunet.com/business/salaire/patron/classement/patrons/les-mieux-payes
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=2066&id_groupe=11&id_rubrique=28&id_mot=40
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=444&id_rubrique=123&id_groupe=9&id_mot=76
Il s'agit globalement de rapporter les mesures impactant directement l'emploi, les revenus, les prestations sociales ou les retraites, si elles sont chiffrées et pas au conditionnel.
Ne sont donc pas rapportées les promesses de négociation ou les mesures indirectes.
Non content de clarifier la compréhension, cette espèce de dissection a pour ambition de faire apparaître l'écart fondamental entre ces projets et un programme réel qui veut s'opposer au servage qu'est en train de ré-instaurer le capitalisme.
Bref, à souligner l'absence cruelle d'une indignation, d'une opposition et d'un partage collectif, tant à la création du programme qu'à sa mise en œuvre.
L'absence du détail des mesures du programme Valls est explicitée en fin de texte.
Hamon |
Montebourg |
« Je revaloriserai immédiatement les minima sociaux à hauteur de 10%, le SMIC, et le point d’indice de la fonction publique. » « Je lutterai contre le salariat déguisé des entreprises ubérisées... Il faut que l’employeur.euse paye ses cotisations sociales, et que ces salarié.e.s bénéficient de leurs droits (congés, protection contre les licenciements abusifs) »
« un véritable bouclier “énergie” (chèque énergie…) pour éviter les situations de privation. »
« Lorsqu’un.e travailleur.euse est remplacé par une machine, la richesse créée bénéficie essentiellement aux actionnaires. Je propose donc de taxer cette richesse – en appliquant les cotisations sociales sur l’ensemble de la valeur ajoutée et non plus seulement sur le travail »
« Je proposerai [à l'UE] un processus de convergence sociale qui débutera par un salaire minimum par pays à hauteur de 60% du salaire moyen »
« Je renforcerai les sanctions à l’encontre des communes qui ne respectent pas la loi en matière de mise à disposition de logements social...Je créerai un droit de l’Etat à se substituer aux maires pour construire, le cas échéant, des biens d’utilité publique à commencer par les logements sociaux. »
« première étape, dès 2018, le RSA sera augmenté de 10% à hauteur de 600€... un revenu d’existence sera versé à tous les jeunes de 18 à 25 ans quel que soit leur niveau de ressources. »
« Je modifierai la répartition de l’aide à l’accès aux complémentaires santé : les 8 milliards d’euros d’aides publiques actuelles (ANI et avantages Madelin) doivent aussi toucher les fonctionnaires, les retraité.e.s, les étudiant.e.s et les chômeurs.euses de longue durée. » |
« généraliser l’expérimentation « Territoires zéro chômage de longue durée » initiée par l’association ATD Quart-Monde L’investissement nécessaire pourrait atteindre 600 millions d’euros » « ..avec le CICE, remodeler le pacte de responsabilité afin de rendre 10 milliards d’euros en réduction d’impôts aux ménages sur les 40 milliards alloués aux entreprises... J’utiliserai donc les 10 milliards d’euros du CICE réformé pour rendre la CSG progressive pour les catégories dont les revenus sont les plus faibles . Concrètement, tous ceux qui gagnent moins de 2000€ brut par mois auront un gain de pouvoir d’achat : 400€ par an pour ceux qui gagnent 1700€ ; 1200€ par an pour ceux qui gagnent le SMIC.» « je propose qu’une hausse de 5% du salaire des dirigeants [ qui ]entraîne une hausse de 5% de celui des employés. » « une idée que Michel Rocard a popularisée il y a quelques années, consistant à indexer les salaires dans chaque entreprise sur les gain s de productivité » « créer une mutuelle publique à 10€ par mois pour les personnes gagnant moins d’un SMIC complet. » « je créerai une allocation unique, une super APA, qui permettra de diminuer le reste à charge en maison de retraite comme à domicile, en fonction de la situation financière de la personne âgée » « Créer 5000 postes dans les hôpitaux par an » « Je propose d’instaurer une consultation annuelle remboursée à 100% pour les moins de 25 ans » « développer le nombre de places en EHPAD, en privilégiant l’accessibilité financière et des tarifs modulés en fonction de la situation financière » « Enfin, une revalorisation de la retraite minimale de celles et ceux qui ont suffisamment cotisé pour bénéficier d’une retraite à taux plein sera proposée » « prêt à taux zéro de 10 000 € remboursable dans la suite de leur carrière sera versé aux jeunes français présentant un projet crédible » « Une allocation pour l’autonomie des jeunes sera donc créée. Cette allocation, d’un montant de 450 € mensuels, sera versée sous conditions de ressources » |
Les retraités sont les grands oubliés. A croire qu'ils nagent tous dans l'opulence et conservent jalousement la villa et le magot à droite. Ils sont pourtant deux millions autour du minimum vieillesse, à peine plus aisés, donc, que les nantis au RSA.
Montebourg. Impression d'un programme improvisé après quelques lectures et au fil d'un lyrisme de prétoire, sans consultations. Il déroule de grandes phrases, quasiment sans réalisations ni investissements concrets. Aucune tentative de sortie,- ni pour l'un ni pour l'autre, d'ailleurs - du capitalisme, ce qui est quand même le fondement de la Gauche !.. D'autant que les esprits un peu plus avertis, sinon moins obsédés par la réussite, désignent de nouveau l'immense dangerosité de ce système, après l'interminable nuit Tatcho-reaganienne qui nous a mené au bord du gouffre.
Aucune attaque au fond de la logique déclinée par l'ensemble des institutions, du ressort essentiel, le capital, le tout-mercantile, profit unlimited. Il tente de bricoler un plan de relance avec un lyrisme balbutiant. Ses inspirateurs : le FMI, Rocard et un économiste que je ne connais pas. Pour ceux qui auraient la mémoire BFMisée, le FMI demeure le bras armé des plans d'ajustement structurel et Rocard fut un des premiers convertis au Marché parmi la "Gauche". Il s'est félicité toute sa carrière de sa privatisation de la Poste, dont on voit le résultat : une vague de suicide, une généralisation du burn-out et un service au public aussi dégradé qu'onéreux. Bref les mânes de Montebourg n'ont rien pour soutenir une réelle volonté de Gauche. Pour boucler la boucle de l'ancrage inévitable dans le capitalisme, Montebourg veut creuser la dette à tout va et augmenter les dirigeants d'entreprises, ce qui entraînerait l'augmentation des salaires des salariés, dit-il. On est dans la pure logique du profit, celle qui fait grossir le capital et applique le pseudo-principe du « ruissellement », c'est-à-dire se débarrasser des miettes sur le palier des cocus de l'affaire, quelques dizaines de millions de pékins.
Cerise sur le gâteau, Montebourg propose de coupler augmentation des salaires avec productivité selon le principe de la chrétienne rosâtre, S. Royal, « gagnant-gagnant ». Stupide expression du lexique communiquant de Séguéla ou autre crapaud de com. Pousser les feux du salariat jusqu'à épuisement pour une obole, tandis que le patron en tirera des bénéfices multipliés, c'est ça l'ambition de la Gauche ?
Faut-il préciser que ce projet ne propose, n'implique aucune intervention, prise en mains par le peuple et pour le peuple ? Alors que nous sommes au dernier degré de l'épuisement de la démocratie, alors que la grande majorité s'enfonce dans un misérable déclassement ? Un projet d'hier, pour les maîtres d'avant-hier qui organiseraient une France sans lendemains.
Hamon est un peu plus concret, cohérent dans ses mesures. Il décline des augmentations nécessaires, mais ne les chiffre pas, donc selon la règle de la proposition concrète que j'ai choisie, c'est nul et non advenu, à part le SMIC et le RSA qu'il augmenterait de 10% et les complémentaires qui bénéficieront de 8M pour servir un public plus large, ce qui ne changera pas fondamentalement l'exploitation et le mode de vie des personnes en difficulté, majoritaires aujourd'hui, car les fondements de la richesse et de l'exploitation ne sont pas attaqués.
On sent une attention au cœur vivant de la Gauche, les classes populaires. Sur le mode « bienveillance type« care » chère à Aubry, francisation de recettes d'emplâtres US. On promet sur les logements sociaux, les communes criminelles sociales qui refusent de loger les pauvres, l'écologie, le travail mort. Mais tout ça n'est pas articulé. Catalogue pauvret rappelant les 1000 mesures pour Sarko qu'avait concocté le Séguéla des sherpas, Attali.
Aucune attention aux pensions de retraites, je l'ai dit, ni aux 'handicapés. Même tragique trou noir chez Montebourg. Preuve que ces gens-là ne sont pas au contact de la France qui souffre. Car la pauvreté et le handicap vont très majoritairement de pair.
Enfin, le projet Hamon persiste à s'accrocher à l'instance supranationale. Aucune sortie de l'euro, encore moins de l'UE. Hamon propose de négocier un salaire minimum à « 60% du salaire moyen ». Négocier avec ceux qui étranglent financièrement la Grèce avec une saignée drastique dans les salaires de la fonction publique, une coupe féroce dans les retraites, avec la soumission de tout pays endetté à un chantage structurel avec la bénédiction du FMI, c'est-à-dire de Washington ? Voilà une idée qu'elle est solidement ancrée à gauche...
Quant à sa mesure « clivante », la Sécurité sociale professionnelle il ferait grâce à elle mine de s'approcher d'une divergence importante par rapport au Marché. Sur ce projet voilà ce qu'en dit Wikipedia - référence quand même plus sérieuse qu'Odoxa ou l'IFOP : « Dans la lettre de mission du 11 juillet 2007, adressée à la ministre de l'économie et des finances Christine Lagarde, le président de la République Nicolas Sarkozy a souhaité la mise en place de la Sécurité sociale professionnelle d'ici 2008 ». Peut-on être assez benêt pour penser que les serviteurs dévoués du capitalisme vont encenser une mesure qui romprait avec ce même capitalisme ?...
Valls...Faut-il encore parler de Valls après la permanente hagiographie que lui concoctent au quotidien les médias de désinformation continue ? Si l'on en juge sur les faits, sa politique est une catastrophe de droite, voire d'extrême-droite, avec pour pivot moral, matériel et législatif, la sécurité. Sécurité incarnée par un arsenal répressif, de surveillance et de contrôle du nuage terroriste recouvrant l'ensemble des citoyens de notre pays. Repression qui fait office de politique, puisque usage permanent du 49.3 qui est le droit de la force, quand la force n'arrive pas à incarner le droit.
Valls devrait faire un score analogue à celui du pic de Normandie, le Maire, s'il trouve encore des ravis fascinés par sa visibilité, et la poignée de socialistes qui lui sont redevables. A moins que ceux-là, imitant le boss, ne préfèrent sortir la dague et éliminer à son tour Brutus. Côté programme chacun pourra constater le grand écart entre sa pratique au service empressé du Marché et ses fallacieuses promesses ici.