il y avait tout
au début de la pluie des années
qui agrègent et désagrègent
ils étaient déjà chasseurs de paradis
ils étaient déjà cueilleurs de ritournelles
ils sont venus tendre le présent au futur
le présent galopant aux parois caverneuses
ils remontent toujours les puits de lave
de l’avenir étranglé du présent
des descendants
ils grimpent aux sinuosités des brins d’herbe
ils grimpent dans le secret des racines du chêne
ils grimpent la nuit
ils remontent d’hier pour écrire demain
ils grimpent aux côtés des saumons
qui savent retourner où l’avenir germera encore
ils n’ont rien oublié de la vie
rien oublié de la fuite
ils savent bâtir en tremblant
ils savent la quête inquiète
de leurs descendants
errant dans le creux des choses
regretter les inflexions étranges de l’avenir
n’est pas leur œuvre
n’est pas leur destinée
leur mort était prélude
prémonition immobile
de ce qui doit se transformer
pour que revienne l’assise
pour que leurs enfants
retiennent le temps
jusqu’au moment où à leur tour
ils remonteront le passé
et viendront à l’insu des brins d’herbes
et du chêne
dire l’incarnation
de ce qui n’aura pas de visage
sans connaître sans reconnaître
qu’à peine né le lointain hier nourrit déjà
l’impensable demain