ecret, quand d'autres couleurs aguichent sans vergogne le regard
Il absorbe notre curiosité, la perd dans les méandres de son introuvable centre
Tu voudrais t'en parer sans réfléchir, erreur, le noir ne reflète pas n'importe qui
Être enfin à sa hauteur suppose que tu as bien avancé, des innocences aux constats
Si ta maison veut maintenant laisser partir
Les êtres de peu de poids et les boulets que tu lèves chaque matin
Toutes ces plaies que tu grattes faute d'immaculé devant tes yeux
Il est des couleurs qui rayent les murs, surchargent d'oubli la grisaille des nos grottes à double blindage
Il est des couleurs oubliées à peine endossées
Elles fondent toujours plus sur les œuvres et les choses, saturant les surfaces pour mieux en corrompre la profondeur
Bâtardes, mutantes, leur brillance pleure le souvenir des couleurs maîtresses
Les êtres surexposées cherchent en vain leur carcasses d'hommes
Dans ce monde brillant où leurs doubles géants les écrasent
Le noir n'est pas ton ami
Jamais il ne te tendra un mouchoir, ni ne fera couler ses larmes sur ta peine
Sa puissance tient toute porte ouverte, cependant, pour peu que tu sois présent
Partez, dit-il aux lucioles clignotantes, aux renards épuisés, aux roses artificielles et aux dernières paillettes
Regarder derrière le noir, après le noir, je veux dire être en pleine présence avec lui
C'est s'accorder avec les pierres postées en haut d'un col
Éboulement, écroulement, surgissement, à leur place elles demeurent
Pose du noir sur toi, il te guidera jusqu'au bout des regrets
Il protégera ta nostalgie qui rampe sur les chemins défoncés de la perte
Il t'offrira son armure
Tu ne plieras plus devant les mirages
Jusqu'au moment où tu pourras rendre ta peine au passé
Esprit fécond de la fin du jour, sobre ligne du digne
Il sait l'avant et l'après
Ceux qui adoptent le noir pour leurs farces mégalomanes et leurs défilés funestes
Oublient qu'il n'a rien à donner à cette face hystérique de l'humanité
Le noir habite la seule couleur qui permet à toutes choses d'exister
Que serais-tu sans soleil ?
Que serait l'astre sans le noir qui le libère chaque matin ?
Que serait l'humain sans le mystère déroutant et le désir dans le noir ?
Le fil est long qui va de la bête à l'homme, écoute le noir et ses secrets
Le noir appelle la vie à reprendre ce qu'elle a perdu
A relever sa dignité
Avenir il y a, le noir l'indique sans cesse
Le noir supporte le deuil des vies et des morts, des hommes et des terres, des songes et des furies
Le noir te raconte à voix basse les passages et les scories que tu laisseras pour
Accepter ta propre présence en pleine conscience
Le noir imprime ton devenir.