La Base rouge et autres chemins d'espérance

marches forcées, notre société française se dirige vers un régime autoritaire de modèle US. Surveillance généralisée, contrôles permanents, prévention policière et judiciaire des comportements, du « risque » humain, renforcement d'un état « régalien », destruction méthodique du reste des institutions publiques sous l'égide du Contrat généralisé, contre la Loi, abandonnée. Cette fameuse « société de marché » que Jospin disait abhorrer. En termes désuets, l’État devient subsidiaire et fasciste. Grand ordonnateur, le staff socialiste au pouvoir, dans l'exacte ligne du staff Sarkozien précédent, qui amplifiait déjà le mouvement d'évidement profond de l’État mené par Jospin – on se rappelle qu'il privatisa plus que ses prédécesseurs, de droite, réunis –. Lui-même s'inspirant du déni et du mensonge sophistiqué de Rocard, première créature rose d'envergure à livrer avec un vrai bonheur – innocence pathologique ou cynisme ? - la Poste au Marché, tout en prétendant user d'un langage de vérité, sous-entendu vrai souci du peuple. A l’œuvre, un imaginaire de droite extrême aujourd'hui commun à ce qu'il faut bien appeler la Caste, ou le Verrou – peut-être un millier de personnes.

La fraction de la Caste actuellement au pouvoir se répand encore dans les stations médiatiques serves – publiques et privées, la distinction n'ayant plus de sens qualitatif – et exige un vote général à gauche pour désigner le candidat, le héraut de la gauche : la primaire.

Ces personnages sévissent au nom et au service d'une idéologie performative et forcenée nommée UE – camp de base de l'Empire US, effondrant la Grèce toute entière à titre de représailles envers les frondeurs Syriziens, et bien évidemment pour satisfaire la poignée de vampires suçant les richesses de ce pays depuis des décennies.
Ils désorganisent, désaffectent, débranchent, détruisent globalement tout ce qui fait que les français pouvaient encore compter sur une relative cohésion sociale, comme sur une prévention possible au service des plus démunis, des plus pauvres et des plus aliénés* ; tout ce qu'il restait de pérenne dans un paysage de production déjà dévasté par les larbins de riches nommés LR. Pire, tout l'imaginaire qui faisait de la Gauche une communauté contre un ennemi commun, le capitalisme, tout cela il le rejettent, le dénigrent, le moquent au nom d'un prétendu réalisme, en réalité ouverture qui s'appelle abandon et corruption.
Cerise sur le gâteau, les mêmes se posent en victimes potentielles du FN, alors qu'ils mènent une politique dont les contours majeurs sont d'extrême-droite parce que l'imaginaire qui la guide est d'extrême-droite. J'entends déjà les cris d'orfraies des larves appointées à légitimer le coup d'état à vocation permanente, mené par ces socialistes sur lesquels Jaurès vomirait.

Et les mêmes de nous demander de participer à une primaire à gauche, avec François Hollande comme premier danseur. Faut-il vraiment répondre... ?

La présidentielle va être un interminable tunnel de propagande médias pour le locataire de l’Élysée, qui va souder le FN et lui amener un soutien massif, principalement parce qu'il n'y a plus de programme ou de discours de Gauche depuis trop longtemps et que Hollande et sa bande veulent, comme le voulut Tonton, la montée du FN, croyant s'en défaire avec le rebond républicain. Évidemment, ça ne marchera pas. A force de Macron, de flic, de casse sociale, d'adoration des flics, d'impunité accordée à l'argent, de bavures sur les pauvres, ce énième président de la Promesse aux Gogos sera défait totalement, ignominieusement et nous pourrons en rire, dans notre tristesse.

Taches prioritaires pour l'après Le Pen

La Gauche doit se concentrer, se relever, se rejoindre sur l'après-présidentielle qui sera évidemment perdue par l’establishment et la Gauche, au profit de la dynastie Le Pen. La Gauche n'y sera même pas, ou presque, dans cette élection. Les larves dirigeant les médias invoquent d’ors et déjà un principe d'  « équité » pour effacer totalement les discours et les représentants de Gauche du paysage mental des français. Voir les dernières propositions des tauliers de chaînes publiques, que bien sûr le CSA ou un de ces Conseils croupions si utiles à Hollande, va examiner avec la plus grande bienveillance.

La Gauche, si elle veut devenir une communauté excitante et fédératrice, un avenir, une vraie force pour ne serait-ce que minorer le désastre qui nous arrive dessus – objet d'un prochain article – doit trouver des contre-pouvoirs. Pas des Pouvoirs contre le Pouvoir, mais la force qui annihile la hiérarchie, l'autorité, le tunnel vers la personnalisation, la soumission de la volonté générale à la censitaire et dévoyée représentation. Bref, inventer le logiciel qui fera de la volonté de tous l'unique volonté, coordonnée par une nécessaire poignée de « hub ».

La Gauche doit forger un imaginaire commun. Détruire d'abord, avec obstination, enthousiasme, cruauté joyeuse, les axiomes de la Caste dans tous les domaines. Pour cela, penser et organiser la diffusion de ses idées, de ses orientations, de ses objectifs, de Son Rêve commun, par une structure médiatique aussi forte qu'alternative. Elle n'aura pas les moyens financiers, elle œuvrera donc d'abord sur le Net et passera au médias immédiatement accessibles ensuite. Radios locales, régionales...L'objectif étant de se construire un shadow monde, un monde dans l'ombre qui sera le monde réel, que le « monde fictif », le simulacre de monde de la Caste prétendra évidemment faux. Notre monde existe, le vôtre est un reflet malsain.

A terme, la Gauche doit se doter d'une chaîne télé – par souscriptions et autres dons -. Les programmes éminemment subversifs et destructeurs pour le monde de la Caverne seront un laboratoire, un révélateur essentiel de ce qu'est la Gauche pour elle-même, quelles sont ses communs, ses limites, sa direction générale, et surtout de comment elle peut maîtriser l'effet-pouvoir et les apparatchiks qui émergent aussi dans ses rangs. Nous pouvons le faire. Matériellement, il y a aussi des professionnels des médias qui vivent comme une torture le fait de servir du Hannouna ou du Galzi, du Dior et du Masterchief US à longueur de journée et aideront  précieusement. L'imagination et l'altruisme, sans perdre de vue les questions qui guident et que veut résoudre la Gauche, voilà ce qui doit nous motiver. Nous sommes la Gauche. Nous sommes la communauté qui vient.

La Gauche doit se donner une structure commune. Pas possible de travailler sans un toit, une maison, un symbole d'entre-soi, de communauté, une base pour œuvrer ensemble, dans la joie, la volonté, le respect et la fièvre créatrice. Laquelle structure sera informelle. Je l’appellerai La Base Rouge. Ses membres se reconnaîtront dans les structures mortes sur pied qu'on appelle partis ou courants, clubs. Mais aussi dans les syndicats, structures pourries par la tête mais pleines de militants vivants et généreux. Mais surtout dans ce petit peuple qui trime en McDo, en médias, dans toutes ces boites petites et grandes où on torture en continu pour lâcher une obole en fin de mois et jeter au caniveau ceux qui ne résistent plus.

Peuvent travailler ensemble certains partis, à Gauche – en faisant le deuil de pas mal de chimères - : LO, NPA, PT, PG, la fraction du PCF qui croit encore à la lutte des classes et demeure à l'écart des Laurent et autres apparatchiks, la fraction d'EELV qui voit l'écologie comme une façon de réellement œuvrer avec le peuple planétaire dans un milieu naturel préservé contre le capitalisme prédateur, tous les inorganisés avec et contre l’État. Car ce n'est pas un État monarchique ni une société hiérarchique que nous voulons, et encore moins une société de l'horreur Marchande. Ça ne peut pas être ça, la Gauche contemporaine, mais exactement le contraire. Même si un certain nombre d'obscurs et de Visibles** ne l'ont pas encore réalisé.

La Gauche doit élaborer ensuite, dans le même temps, dialectiquement, un programme simple pour l'après Le Pen. La fifille à son papa milliardaire ne tiendra pas, et même si elle tient elle ne pourra qu'échouer et se faire renverser, principalement parce qu'elle ne renversera absolument pas la table. Table qu'elle partage avec tous la racaille dorée qui se goinfre aujourd'hui.
Quel programme ? Deux cibles prioritaires, fondamentales : les exploités, les pauvres. Avec deux questions. Comment défaire et éjecter le Capital partout où il sévit ? Comment supprimer la pauvreté partout où elle est ?
Préliminaire à ce programme : le démontage total des institutions de coordination que prétendent être les Assemblées. Celles-ci montrent à l'envie qu'elle ne fonctionnent plus, ou fonctionnent pour la Caste et pour amplifier, légitimer l'état fasciste, dont on sait qu'il a toujours fait ménage pour et avec les riches.

• Aliéné : étranger à ses propres conditions de vie misérables, par la puissance de son exploitation et la force du mensonge de ceux qui l'exploitent. Codex des Mots Emmurés par le Pouvoir – Ed. À venir.

• ** voir Les Visibles .