le livre-loi jamais ne meurt
se dépose le livre-loi
s’impose le livre-loi
il faut inventer les hommes du livre-loi
il faut enfanter les hommes du livre-loi
le livre-loi hésite sur les traces de son existence
le livre-loi ne touche ni au sable ni aux feuilles vertes
le livre-loi ne règle pas les peines de coeur
le livre-loi ignore l’heure de leur mort
ouvre le livre-loi
le livre-loi sera toujours là
s’enracine le livre-loi
se perpétue le livre-loi
le livre-loi retient les traces de nos inexistences
le livre-loi ne codifie pas les nuages d’amour sous les paupières
le livre-loi oublie la bête qui fait l’homme dans le sang
le livre-loi est radicalement étranger à son frère le feu
ouvre le livre-loi
rappelle-toi
nos espaces de chair étoilée
la fumée coloriant nos têtes
les braises convoquées dans l’eau de nos rêves
la cendre parabole et les signes sépias
ouvre le livre-loi
bredouille la douceur du givre
bredouille les pentacles provocateurs
tais-toi maintenant avant de commencer
tais-toi et clos l’espace là-bas
répète
répète au bord de la fenêtre orpheline de l’espace
répète
tais-toi
ignore
grésille
répète et tais-toi
une fois après l’autre
délaisse et laisse
ondule et stridule
vole
rampe au moins
jusqu’au ciel dans les boules pleines d’enfants de neige
tu es toi
à plein poumons