petits pas, obstinations diverses
ouvel Observateur. Organe de la gauche coulée dans le Marché. M'en écartent régulièrement une certaine réticence à lire des indignations pour temps de cerveau, ou des articles qui finalement penchent exactement vers le travers qu'ils entendent dénoncer.
Par exemple, celui-la
Nouvelle dénonciation de l'ENA, via l'opus d'Olivier Saby, promotion Badinter. L'énarque crache dans la soupe, horrifié qu'il est (fut) par la vie dorée et conservatrice qu'on lui propose, après des études qui insultent son intelligence, sa créativité, son goût du risque, mais qu'il a néanmoins achevées et fait fructifier.
L'auteur de l'article, un certain Fauconnier, fait un parallèle laudateur avec la dénonciation des élites par Marc-Bloch dans L'étrange défaite.
Olivier Saby, la petite trentaine, haut-fonctionnaire, est magistrat administratif ; il a travaillé à la mise en place des stratégies de financement de la création, est associé de la holding ScintillO et membre du board d’Enea Consulting, une boite de conseil qui travaille sur les opportunités d’affaires pour l’écologie industrielle et les produits et services écologiques
Marc Bloch, héros, déjà, de la première Guerre Mondiale à 30 ans, reprit du service à 54, fut arrêté à Lyon le 8 mars 1944 par la Gestapo, fut torturé et mourut le 16 juin fusillé par la Milice, à 58 ans.
Pour noircir un peu le trait, l'un profite largement des portes ouvertes par cette école dont il clame les travers, l'autre a profité définitivement de la fin horrible que lui ont valu son engagement direct contre les nazis et sa dénonciation de la France tremblante, frileuse et conservatrice qui plia et pactisa avec l'ennemi. On mesure la pertinence du rapprochement.
Rapprochement analysable avec la grille de lecture qui semble régir le fond des articles journalistiques dans la presse de ré(vé)férence. A un lauréat de la France d'en haut, il ne saurait être question de ne pas associer une Figure. D'ailleurs, on ne saurait attendre moins de Fauconnier, l'auteur du papier, lui-même produit d'une Grande École, l'ESSEC. Grandes écoles qu'il a dénoncé, mais dont il a tiré partie pour une carrière consacrée par le grade de Chevalier dans la Légion d'Honneur, dans cette France qui désigne les figures et les indignations de bon ton, lesquelles font les bons marronniers pour la presse et les succès de vente éditoriaux.
Ce parcours édénique n'empêche pas l'ami journaliste, faisant fi de ces tristes barrières qui le séparent des pue-la-sueur, de s'adresser directement à ceux qui entament le quinze du mois leur platée de pommes de terre, avec l'espoir obstiné qu'enfin l'ENA sera fermée.
« Il est clair » nous révèle-t-il, « que les énarques n’ont pas la moindre idée des ressorts qui animent les créateurs d’entreprises ni des flux de financement de la création et de l’innovation. Il n’y a pas de divorce entre l’État et l’entreprise en France, mais entre certains énarques et l’entreprise.
Les valeureux français de l'ombre peuvent se rendormir, ce n'est pas eux les victimes de cette maudite École, ce n'est pas eux que l'ENA ignore résolument. Ce n'est pas elle, d'ailleurs, qui forme les cohortes de technos pressés d'anéantir les étiques exigences des gueux. Non, foi de Fauconnier, les vaincus, les étranglés par l'ENA, ce sont ces pauvres hères qui n'auront que 30 milliards à bientôt se mettre sous la dent grâce à un autre ennemi avéré de l'ENA : François Hollande.
Il serait injuste d'achever ce valeureux combat contre l'ENA, sans signaler que les Fauconnier du Monde, de France-Inter, de Paris-Match, de France Culture, d'Amazon, de Lyon capitale, de Babelio, de France-Info, de Le Parisien, ont salué aussi la nouvelle bombe anti-ENA.
On peut penser sans grand risque de se tromper que le Saby va se hisser dans les meilleures ventes.
Il se murmure que la prochaine promo ENA s'intitulera Carpe diem.