petits pas, obstinations diverses
Par alainLasverne
l mange, il boit et il rêve
Il traverse les pièces de la maison
Les pièces de sa maison le traversent
Il préfère le jardin
Le jardin n'a pas de murs
Les rues du village n'ont pas de murs
Ils viennent le voir à tout moment
Ils traversent l'absence
Ils traversent l'hébétude
Ils traversent le jour comme la nuit
Ils se collent sur les murs
Les murs complices
Ils le regardent
Simplement, ils regardent
S'ils pouvaient ne rien voir
Frères, sœurs, enfants sur les murs
Même elle
Il dort, il dort encore
Il travaille, il travaille encore
Rien ne le traverse quand il dort
Rien ne le traverse quand il travaille
Il les appelle pour qu'ils viennent
Viennent enfin parler
Avouer d'un monotone sifflement
Indifférents, il le traversent
Sans cesse, ils traversent
Le sang, les os, les souvenirs
La douleur n'est pas là
Personne ne le sait
Personne ne le saura plus
Frères, sœurs, enfants
Ils sont tous
La douleur n'est pas là
Bientôt lui
S'il n'appelait pas il dirait
Bientôt pays, bientôt monde
La douleur n'est pas là
Il les appelle sans cesse
Quand les rues demeurent vides
Et la maison, et les draps
Et ce creux dans le mur
Ils n'écoutent pas
Ils le traversent et s'en vont
Il les appelle encore une fois
Que vienne la douleur.
(hommage à cet homme demeuré seul sur le territoire interdit, aux environs de Fukushima-Daïchi après l'explosion des centrales nucléaires)
Thème Magazine © - Hébergé par Eklablog