uand les hurlements traversaient les poitrines
à la jointure des pierres en pleurs
quand l’espace annexé pliait l’avenir
aux cadences des cœurs
que reste-t-il du rouge brûlant tous les plans
que reste-t-il des lumières communes claquant au vent
quand nous brisions les chaînes pour les enrouler à nos poings
quand nous suivions l’impérieuse foi des avant-gardes inspirées
quand les pleurs et les rires ouvraient les portes épuisées
aux pieds soudés dans le sol
que reste-t-il de l’horizon ouvert par nos souffles
que reste-t-il des mots tendres bégayant la langue de fondations inouïes
mon frère mon camarade il y avait un après enfin
mon frère mon camarade il y avait un ciel à mourir de désir
enchâssés dans leur torve présent ils nous désignent
les tombes
enkystés dans leur éternité grillagée ils déversent
le purin sur les lauriers anciens
j’ai les timbres d’outre-ciel et les images de contrebande
je suis ce que nous fûmes
je regarde le vide qui se plaint
j’ensemence le passé des ferments d’avenir
je suis le messager des lettres égarées
dans la postérité
que reste-t-il de l’armée des roses en dérive
que reste-t-il des arc-en-ciels incarnats
que reste-t-il de la grâce perchée sur les compteurs du changement
que reste-t-il
je sais le temps et l’oubli
que reste-t-il
je sais les surprises de la cinquième saison