ertaines choses sidèrent plus qu'une lune orange contaminant d'un coup les nuages endormis sans que la mer bouge un cil, au crépuscule des vaines agitations.
Certaines choses excèdent. L'univers excède, par le plus petit de nos atomes sécables à l'infini. Par le plus gigantesque des super-amas, impensable immensité ponctuée de lumignons. L'infini excède.
L'univers infini renvoie la raison en vacances. Qui a idée de l'infini ?.. D'ailleurs, c'est bien pour ça qu'on a sorti la main de Dieu, de Krishna, de Mahomet ou de Manitou. C'est la main qui calme les enfants sages dans le noir.
On dit, aujourd'hui, avec toute l'arrogance des apprentis-magiciens, que cet univers hors-limites serait entropique. Qui s'y frotte. Le cri d'un goéland ébranle-t-il le ciel ?... On a testé un atome d'espace, on a posé des drapeaux sur des cailloux, on a fait gronder des moteurs de bicyclette. On tutoie le mystère, on toise le sacré, on règle comptant toute chose sur la Terre et dans le Ciel. La raison a bien besoin de vacances.
D'ailleurs, l'infi-nie. Et moi, itou. La prétention des glottes armées de cravates n'a d'égale que celle du poète se risquant à figurer, avec quelques pétales et une poignée d'hyperboles, les yeux d'un être qu'il aime - si tant est que ce mot ne soit pas un masque du narcisse planté au milieu de son ego.
Les astrophysiciens calculent la dérive de leurs existences, à peine sorties des cuves. Bien sûr qu'ils posent l’œil là où tous les soleils saluent l'immensité. Et alors ? Je regarde l'astre depuis mon bout de jardin et je suis ébloui.
Encore, si le mot en valait la chandelle. Entropie, ça branle du cul, comme disait le voisin de mes parents, en parlant d'une génisse pleine jusqu'aux yeux. Les fermiers entropisent les êtres d'un seul mot bien placé. De plus, les physiciens n'ont pas le droit d'oublier que dans "entropie", il y a "en trop". Toute la magie en carton-pâte de l'élévation au cric vers le langage est là.
Désignant la pente, la tendance systémique de l'univers, les fabricants de langue scientifique ont signalé, sans faire gaffe, que l'entropie c'est le truc en trop. L'infini, d'accord, rien à dire, ça brille de la mèche de cheveux au bout de la queue. L'entropie, ça coince quelque part.
Raisonnons raisonnable. L'entropie, c'est pas une tendance, à peine une inclination périodique, une humeur humanisée. L'univers a ses regagnas et les physiciens sortent le télescope mortuaire. Feraient mieux de regarder leur doigt qui tremble avant de désigner le ciel.