es gens marchaient à petit pas, s'arrêtaient, se regardaient
Repartaient de l'avant, vers l'odeur du feu, du fracas, du changement
Le goudron était chaud d'une bonne chaleur longtemps conservée
Pour changer ce qui devait être changé car même eux, tout là-bas devant
Et moi qui regardais à travers la procession, à travers le temps qu'elle vivrait
Je savais devant les façades qui brûlaient une à une, que l'Ecclésiaste n'est rien
Les Iconoclastes renversait d'abord le cours des Horloges, ensuite dans un permanent fracas
Tombaient les Idoles internes salement collées aux crânes des morts sans rémission possible
Fuyaient ceux qui n'avaient pas encore trouvé sépulture où s'abandonner devant le changement
Tout autour, si près et très loin dans une histoire que les marcheurs commençaient à reconnaître
Les simulacres tentaient barrage après barrage
Ânonnaient des noms qui scintillaient encore d'une lueur hypnotique
Excommuniés, excommuniés vous êtes, marmonnaient-ils à voix tonitruante vers la masse des marcheurs
Et s'en allaient les uns et se perdaient les autres dans le labyrinthe des sons pervers
Combien ont adopté le mode simulacre je ne le sais, mais je n'ignore rien de la déréliction
Ce fut les temps des éons, le temps où les douleurs de la séparation avec soi excédaient toute horloge
Les Iconoclastes bousculaient, renversaient, bâillonnaient ensuite les zones langagières infestées
Un temps pour le fracas des choses lavées des matières sémantiques corrompues
Un temps pour vivre, un temps pour revivre chantaient les marcheurs
Tout du long était la fête, danser et enjamber le temps, conjurer d'un geste l'avenir des porcs
La chanson et la grâce des anges renaissants devaient une chandelle aux débridés, aux guetteurs et aux esprits obstinément déviés
Je ne pouvais que rire à m'en fendre l'écorce et encourager notre trajectoire chaman vers
Les commencements, car il fallait d'abord dessiner face à ceux qui nous promettaient des fins
Les commencements, apprendre notre tête à desservir jusqu'à la stase, l'épiphanie enfin
Alors pouvaient émerger les survivants
Moi, j'en suis, et toi, et nous autres de là et d'autre part, anciennement enchaînés
Avec l'ailleurs qu'exsudaient les matières sémantiquement corrompues
Lesquelles s'épuisaient avec rapidité à courir nulle part dans leur enclos rétréci de minute en minute
Les Iconoclastes ne cessaient de s'encourager, de s'échanger manières et gris-gris pour défaire
L'innommable, éclatant langoureusement les simulacres à coups de bombes déformatrices et de contempteurs incréés
Pouvaient déferler les hordes tout autour, compulser leurs livres de prières insanes
Pouvaient tourner les carrosses au carnage dédiés dans les marges incertaines de notre avancée
Nous apprenions à les démembrer, ressuscitions des instincts piochés dans les cartes de la mort
Un mot miraculé suffisait souvent et s'écroulait un bataillon, s'ouvrait le ciel à nous rendu
Le jeu était nôtre, nous étions le jeu, nous avancions vers la fin en ordre de départ instinctif
Nous étions décidés, nous avions juré qu'après l'ultime viendrait un début
Notre terme inédit
A nous la mort, à nous la grandeur, à nous l'honneur de vivre réconciliés avec la substance même
Des choses, de simples choses, toutes anonymes
Venaient à nous une langue nouvelle de chair enkystée, dans le verbe phénix sortant de nos bouches
Cris de plaisir, sanglots de joie inouïs
Notre langue étendard déployait sa lumière tandis que j'écrivais, marchais, vivais
Avançais vers le destin mien et notre dans une liesse ataraxique
Du monde, des mondes infinis dans nos têtes explosaient au cœur de la franche clarté
Routes dépavés, direction l'avenir incertain et possédé, de nouveau possédé.