ar la rue, je descends
elle s'appelle rue des primevères, ou des lys, peut-être des rhododendrons
à ma mémoire, je n'en veux pas, le présent, le passé et le futur s’emmêlent, ici
je descends, parfois je monte, toujours vers l'étang
je le traverserai sur mes ailes mentales
je passerai de l'autre côté du monde boueux, trancherai la laisse
vers les bois et les miracles
et les meurtrissures aussi, j'irai
il faut une tendre envie pour inverser les polarités originelles
je ne caresserai plus les plaies, à quoi sert de mettre des gouttes de sang dans les sabliers
les chaînes que nous inflige le temps, j'en ferais des élastiques
voilà qui m'affranchira des euros et des héros
il y a loin jusqu'au calmes marins
je sens l'odeur salée et poisseuse des eaux
mes pieds voudraient cavaler mais le bout de la rue est encore obscur.
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Au milieu de la chaussée, un enfant plié en quatre
écrasé sous le poids des attentes
il pleure, étouffé sous de confuses sensations
l'enclume indistincte sur lui dégorge une sanie
comme les corps de bestioles étranges
élevées en cuves de désirs avortés
plié en quatre, le jeune trèfle ne poussera plus
vers la lumière fuyante je tourne mes pas
il est temps de progresser vers le calme des eaux
plié en quatre, à tout jamais interdit de vol
sur le trottoir dépavé
parmi les gens désagrégés, il est derrière moi.