« Radicalisation », voilà un mot qui a le don d'exciter les passions des puissants de l'heure. En panne de voix, d'audience, de fil politique ? Radicalisez votre discours et vos ennemis.
Le mot à suscité des cohortes d'emplois sécuritaires et des recherches tout à fait désintéressées. Il s'agit de comprendre, mais avant tout de remplir le mot-valise à ras bord. L'indéfini est l'aubaine pour cette vogue, cette vague sécuritaire qui fait valser les étiquettes politiques et les vocations.
Il reste tout de même quelques institutions, on le sait, une poignée de chercheurs qui envisagent de définir et d'étudier, loin des passions, loin des embrigadements. On signerait pour un dossier du CNRS les yeux fermés. Les yeux fermés, vraiment ?
Radicalisations est un blog de veille CNRS sur « les radicalités ». Ce blog « avait été créé pour accompagner l’école thématique CNRS « Processus et trajectoires de radicalisation ». Voici l'introduction de la demande formelle de recherche et de chercheur(se)s, qui a motivé l'école CNRS et plus tard le site Radicalisations : « La montée en puissance des situations de crises sociales, économiques et politiques produisent différentes manières de se radicaliser, par les usages du social, du politique, du religieux et du sacré. »
Définition un tantinet floue, qui favorise les interprétations « extensives » incluant dans une même diabolisation les fanatiques religieux type islam et autres, les fanatiques fascistes sans oublier la gauche « radicale ».
Un des tiroirs du site ouvre sur « Discours et contre-discours ». Ce secteur du site figure apparemment un débouché du travail théorique de déconstruction des processus et discours radicalisés, par l'équipe CNRS : l'élaboration des contre-argumentaires possibles. Sa nécessité tiendrait « à [la] demande sociale et scientifique de formation sur les questions de radicalisation contemporaines. »
Cette production centrale d'idéologie du bon côté de la Force s'incarne dans une méthodologie de « contre-discours » et contre histoire des acteurs et parcours « radicalisés », proposée, donc, sur le site. En suivant les hyperliens on tombe sur Counter-Narrative Toolkit, « boite à outils de contre-narration ».
A suivre le fil des explications et des nouveaux liens, on comprend que cette miraculeuse boite à outils fait partie d'un champ d'action plus vaste, qu'elle est étroitement liée à un territoire d'action plus important, un n réseau plus vaste, Againt Violent Extremist (AVE). Qui précise, lui, les choses, pour ceux qui ne verraient dans le viseur que les barbus : « AVE utilise la technologie pour connecter, échanger, disséminer et influencer toutes les formes d'extrémisme violent (de l'extrême-droite et l'extrême-gauche à ceux liés à AQ, inspirés et en équipe s) ».
AVE nous informe également qu'il « a été conçu et lancé par le Google des Idées au Sommet Contre l'Extrémisme Violent, à Dublin en 2011. Il est géré par l'Institut pour le Dialogue Stratégique (ISD)»
Lequel ISD est un des soldats de la galaxie de think-tanks soutenus par l’Open Society Institute , bras armé de Georges Soros. Il produit des dossiers comme ce « dossier d'information sur l'engagement de contre-discours » élaboré dans le cadre de « Initiative pour le courage civique en ligne », OCCI en anglais. L'CCI est une initiative européenne contre « les discours de haine et l’extrémisme en ligne », fondée à Berlin, par Facebook, et conduite, donc, par l’Institute for Strategic Dialogue (ISD). »
A noter également que dans sa partie « Rapports et dispositifs », le site initial, Radicalisations, cite le « (manuel de) Prise en charge des revenants [(!)], produit par le Ran (Radicalisation Awareness Network), un réseau encore en lien avec l'AVE. Ses travaux sont accueillis avec le plus grand intérêt par l'UE.
Faut-il rappeler que Soros, malgré ses effets de manche actuels sur l'hydre Marché, a toujours été un spéculateur affamé et dangereux, aujourd'hui comme hier. Il a fait tomber la Livre et l’État anglais en 1992 pour ses propres intérêts, qu'il protégeait à l'abri d'un paradis fiscal durant sa razzia boursière. Il reste un ennemi proclamé et irréductible du communisme et, au-delà, de tout anti-capitalisme. Spectre communiste qu'il ramène au rang de fascisme, sous l'influence de son maître à penser Karl Popper.
Les recherches fondamentales ou appliquées des uns engagent l'ensemble du corps scientifique, qui doit être vigilant sur ses valeurs et donc ses idées, liens et accords, pour ne pas tomber dans l'idéologie et des accointances condamnables et dommageables.
L'excellence du CNRS n'aurait-elle pas assez de penseurs, de chercheurs pour élaborer une pensée indépendante et forte sur l'influence de l'extrémisme religieux dans nos sociétés ? Le CNRS n'aurait plus assez de qualités, d'envergure et de rigueur scientifique sans que ses propres membres n'aillent chercher du soutien dans des structures qui travaillent à propager une idéologie belliqueuse, et fort peu soucieuse des peuples ?
Le comité d’Éthique qui est conscient des dérives potentielles a dernièrement appelé les chercheurs à la vigilance. « Sans que soit mise en cause l’autonomie de la sphère scientifique et comme le rappelle la Recommandation de l’UNESCO de 1974 sur la condition du chercheur scientifique, actuellement en cours de révision au niveau mondial, les chercheurs ne peuvent se dispenser d’une réflexion approfondie sur la responsabilité qui borne la liberté intrinsèque à leur métier. »*
Si on pouvait penser, encore il y a peu, que le CNRS incarnait toujours une tradition française d'excellence et d'indépendance. Il faudra sans doute revenir sur une confiance aussi radicale en cette institution.
* Pratiquer une recherche intègre et responsable Guide
Comité d'éthique du CNRS – Mars 2017
MAJ - 12/11/2017
A noter que les errements du CNRS peuvent s'expliquer par l'empressement qu'il met à se couler dans cette croisade contre le terrorisme, que Trump semble aussi poursuivre puisqu'il confirme l'interdiction du territoire US aux musulmans de 11 pays, assimilant ainsi une foi et une religion a du terrorisme.
En 2016, ce n'est pas moins de 66 projets pour offrir "sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d'analyse et d'action" contre le terrorisme, que le CNRS avait lancé.
On le cherchait, on le cherche partout, le terrorisme. C'est l'arlésienne qui permet de suspecter les clubs de futsal, d'analyser les collégiens selon l'angle "pré-terroristes potentiels", et de relancer indéfiniment l'amalgame anti-capitalisme = terrorisme. Recherches bénies, extensives si possibles, donc en quête de nouveaux financements, et idées côté Soros, pourquoi pas.
Quoique même sur ses terres le personnage commence à ressembler à une espèce de fanatique puisqu'il a fait l'objet d'une dénonciation par plus d'une centaine de milliers de personnes sur le site de la Maison Blanche, sous la forme de pétition. Pétition qui déclare que "George Soros est un terroriste" et veut "saisir tous les actifs de ses organisations connexes en vertu des lois RICO (Racketeer Influenced Corrupt Organizations, ndlr) et NDAA (National Defense Authorization Act"
Toute l'effervescence autour de la radicalisation/terrorisme est soutenue aujourd'hui comme hier par des autorités, dont le fameux procureur Molins, qui ne déparerait dans la galerie de ceux qui ont vu la lumière, Il s'est pourtant totalement fourvoyé à l'époque de la tragique faute gouvernementale de Tarnac, mais n'a pas reculé d'un centimètre sur ces certitudes : " La finalité terroriste du groupuscule ainsi constitué ne saurait être nuancée par l’absence de victimes humaines». L'innocence reconnue de Julien Coupat et de ses copains ne saurait remettre en cause le fait qu'ils sont coupables par définition, parce que Molins l'a décrété, avec sa ministre, à l'époque la tristement connue Alliot-Marie, malgré ses casseroles et son tropisme "ultra gauche".
Peut-être parce qu'aujourd'hui comme hier il est bon d'avoir un bâillon idéologique à poser sur une société en colère, particulièrement contre les gouvernants. D'ailleurs le Canard Enchaîné s'est dernièrement fait l'écho de surenchères sécuritaires au sein de la nébuleuse anti-terroriste, cornaquée par Collomb, ministre de l'Intérieur, qui se verrait très bien, soupçonne la presse, courir sus à l'épouvantail "ultra gauche".
Bref, le terrorisme n'a pas de fini de servir de caution, de vecteur, de moule pour façonner un monde paranoïaque et dangereux pour les populations.
Les autorités préfèrent saturer de flics, d'interdits et de violences institutionnelles le quotidien des français plutôt de s'attaquer aux racines du mal. En l’occurrence la volonté US permanente de modeler, remodeler le Moyen-Orient à sa convenance, d'y nommer des marionnettes, d'y écraser les régimes qui ne lui conviennent pas et de soumettre la misère généralisée des peuples au profit des multinationales.
Le CNRS pourra donc aller piocher et barboter là où bon lui semble, pour assurer l'arrière de la croisade brune, même si le fondement de toute cette mousse - où scientifique et politique se poussent l'un l'autre vers la manipulation et les fauteurs de guerre US comme Soros - n'est finalement qu'un épouvantail idéologique absolument fumeux, si l'on en croit la "définition" du terrorisme par secteur langue du CNRS.
La Révolution Francaise ? Bah, une entreprise terroriste. Les ordonnances exceptionnelles, de Valls puis de Macron ? Du terrorisme, vous dis-je. Lordon, Finkelkraut, Sapir, Le Pen, Besancenot et autres intolérants radicaux ? Du terrorisme, enfin, puisqu’on vous le dit !