our François Ruffin, la démocratie française est encore évidente. D'autres avant lui, ont allégué que tout n'était pas si mal dans notre beau pays et que pour quelques mains arrachées, yeux crevés et emprisonnement de masse, on n'allait pas crier au loup. Ainsi un certains nombres d'élus ou de personnalités qui dégainent l'hydre nazi ou le monstre stalinien pour affirmer que nous sommes bien en démocratie, certains du pouvoir du peuple. Il n'est donc pas le seul, ni le dernier à minorer la gravité des temps. Mais c'est un homme de gauche, courageux et avec des convictions. Voilà la raison de ce texte qui ne voudrait pas que s'aveuglent même ceux de « notre camp » et légitiment, d'une certaine façon, perpétuent, ce qui est chaque jour plus insupportable, la dérive totale de la Macronie, dans laquelle notre démocratie dérive de plus en plus.
Voyons si nous sommes bien encore en Démocratie. Pour Ruffin, pas de souci, c'est oui. Il s'appuie sur un vieil ami élu qui a connu l'invasion nazie et qui, en substance, lui a assuré que la démocratie est peut-être difficile à voir, ses signes peu évidents, mais quand elle n'y est plus, on le voit tout de suite.
Si on laisse les éclairages totalement fragmentaires et idéologiques des médias officiels, à commencer par les organes de propagandes en continu, on s'aperçoit que le pays à la fois entre dans en récession économique et se fracture en même temps. Chaque jour qui passe augmente le caractère irréconciliable des positions. Une minorité veut poursuivre, quasiment ex cathedra, une transformation si violente et rapide de l'économie et du social, qu'elle ressemble à une expérience de laboratoire. Une grande majorité veut à toute force rejeter ce désossage brutal qui n'écoute rien ni personne excepté les injonctions de la Commission UE, officine du Marché, et se donne pour mission d'arracher toute pellicule protectrice restante à ceux qui tirent la langue depuis déjà des décennies, tout en larguant les dernières amarres du Marché.
La question démocratie – dictature s'inscrit, donc, dans un contexte rien moins que dramatique, où la pauvreté explose et les mécontents de même. Ce qui se traduit par le plus long et déterminé des mouvements sociaux de l'histoire française, sans aucune audience aujourd'hui dans le bunker élyséen, ou dans les soupentes où les députés et sénateurs godillots se réunissent pour voter ce qu'ordonne « Jupiter ». Et malgré la cabale permanente des médias officiels, qui moquent, dénigrent et rejettent par tous moyens les Gilets Jaunes, ceux-ci reprennent vigueur, tant la crise économique, politique et démocratique se déploie.
Sommes-nous encore en démocratie ? La question n'a donc rien de hasardeux. Elle incarne l'état présent, et surtout l'avenir proche de la confrontation entre deux fractions de plus en plus opposées de la société. A la trancher, on ne peut espérer de neutralité. Si l'on suit François Ruffin, nous serions en démocratie par le simple fait qu'on ne va pas chercher les opposants chez eux et que l'on ne les abat pas sans sommation. Définition de la démocratie qui s'appuie sur son contraire, sur le négatif, sur l'opposé. Mais la démocratie n'est pas seulement, loin de là, l'envers apaisé de la violence totale et générale d'une dictature. C'est un régime qui comportent des formes diverses, des degrés de réalisation dans le réel, qui font qu'on ne peut trancher si facilement, avec un argument aussi massue disqualifiant à gros sabots le communisme : « le communisme, c'est le goulag ».
Alors, c'est quoi la démocratie ? Voilà la définition de la Toupie, qui en vaut bien une autre.
La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu'il y ait de distinctions dues la naissance, la richesse, la compétence... (principe d'égalité)...
D'élections truquées en élection truquées, le peuple est mené toujours dans le même tunnel. Il en sort avec un nouveau président qui est chaque fois issu de l'infime fraction supérieure – en termes de richesse, et de pouvoir. Il ne représente donc pas le peuple – sommairement définissables comme pauvre, petitement salarié, sans pouvoir sur les événements, sans réseau d'influence.
La distinction/l'écart social par rapport au commun est le critère général de constitution des régimes actuels de gouvernement. Les élus ne sont, donc, quasiment jamais issu des couches populaires.
Leur situation extra-ordinaire n'est jamais évoquée par la presse, alors que la très grande majorité n'a jamais travaillé de sa vie, mais est entré par cooptation – réseau – dans des fonctions politiques. Leurs revenus, leurs pouvoirs, leurs privilèges ne sont que très rarement discutés et encore moins contestés. Nous sommes dans un régime absolument censitaire – une toute petite partie de la population décide des politiques, des financements, des promotions de tel ou telle. La richesse et le pouvoir font taire par manipulation et violence généralisée toute opposition symbolique – à l'Assemblée - ou sur le terrain. Le mouvement social des Gilets Jaunes en sait quelque chose qui paye physiquement, moralement, matériellement sa simple volonté de changer le cours de ce régime.
En règle générale, les démocraties sont indirectes ou représentatives, le pouvoir s'exerçant par l'intermédiaire de représentants désignés lors d'élections au suffrage universel...
On l'a dit, les représentants aujourd'hui ne sont jamais issus de la France populaire, et à de très rares exceptions de la classe moyenne. Le suffrage universel a été tordu par des « experts » de la carte électorale et du financement des campagnes, avec les lois qui permettent au privé, par exemple, de financer une campagne, ce qui introduit une promotion énorme pour les candidats soutenant la finance et les grosses entreprises. Ensuite le trucage électoral – qui a brisé la règle fondamentale « un homme, une voix » reconduit les mêmes privilégiés au service des puissances d'argent depuis des décennies durant, pour une politique qui n'est, ni de près ni de loin, l'expression du demos cratein.
- autres principes et fondements de la démocratie :
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la liberté des individus ;
Peut-on parler de liberté des individus aujourd'hui, quand ils projettent de manifester ? Ils sont assignés à résidence comme des criminels, reçoivent des amendes pour simplement s'être trouvés pas loin d'une manifestation, sont violentés et emprisonnés s'ils persistent. La manifestation, droit fondamental, et mesure majeure de la citoyenneté, de l'implication politique, doit être autorisée. C'est un non-sens. Un énième coup de poignard mené par les mercenaires nommés Préfets. Cette engeance aux ordres sort des grandes écoles.
Dans les villes, le soir, chacun voit dans sa ville petite ou grande, qu'il n'est pas aisé d'échapper à un contrôle de police qui vous fera comprendre qu'il n'est pas sain (autorisé) de circuler ainsi, sans raison. Vous ne pénétrerez pas librement dans un bâtiment officiel si vous n'êtes pas connu ou accrédité, comme les bons journalistes qui sont accrédités pour monter dans l'avion présidentiel. Même les antennes locales des Impôts, de la Justice ou de la Sécurité sociale, ainsi que les Mairies, les Agglos refusent à tout un chacun d'aborder un agent présent, de spontanément aller voir un élu. D'ailleurs, demander qui fait quoi dans une mairie, quel élu, de quel parti et on ne vous répondra pas. Faut-il quand même que ces gens aient des choses à cacher et détestent que le citoyen viennent leur demander des explications. Liberté de rester à sa place.
En lieu et place d'écoute, les maires, les ministres, les responsables de telle ou telle administration ont mis en place des vigiles à peu près partout. Ils auront tôt de vous faire comprendre que la liberté s'arrête aux portes de la règle, de la loi, du bon droit si ce n'est du caprice des dirigeants de l'institution. Même philosophiquement, la liberté est maintenant subordonné à la sécurité, depuis le règne de Sarkozy. Sécurité de qui ? Des puissants d'user de leur liberté à leur guise. Liberté de faire à peu près tout ce qui leur passe par la tête. Conduite décadente de Néron d'opérette, dont le vrai nom est impunité.
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la règle de la majorité ;
De quelle majorité parle-t-on ? De celle qui est l'expression du peuple, où la domination d'un groupuscule, numériquement bien trop faible pour représenter une majorité réelle ? Aujourd’hui, l'abstention a la majorité, ce qui prouve le degré d'intérêt et de confiance que les français à leurs politiques locaux – même si un peu plus élus – et nationaux. qui reçoit le pouvoir par la manipulation et la mise en avant de choix qui n'en sont pas, entre des extrêmes qui sont partie du système et la « démocratie », en l'occurence un petit groupe élu par défaut et tromperie aggravée. Le tout étant légitimé, imposé par des médias aux ordres et la persistance institutionnelle de politiques qui savent fort bien que le système produit de l'élection avec un trucage majeur des volontés populaires.
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l'existence d'une "constitution" et d'une juridiction associée (le Conseil constitutionnel en France) ;
La Constitution française est à peu près incompréhensible pour la majorité des français. Sa révision est entre les mains de juges du droit – non-élus et issus eux aussi du groupuscule supérieur – et d'un conseil constitutionnel composé de hauts fonctionnaires (cf juges) et d'anciens présidents (cf les représentants qui ne représentent rien). 22 modifications de la Constitution ont été faites. Jamais le peuple n'a été au moins consulté sur ces modifications. On tourne en rond dans l'entre-soi, censitaire et autoritaire, puisque le groupuscule dispose et impose.
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la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) ;
Vaste blague. Il n'y a aujourd'hui et la presse en est la caricature, qu'un seul pouvoir en France, c'est celui du Président. D'ailleurs, servile au plus haut degré, les chaînes d'info continue traque le député qui ne suivrait entièrement et rapidement les « suggestions », les hautes pensées de celui que ces médias officiels ont nommé Jupiter. Donc, l'Assemblée législative est aux ordres. Le Sénat, qui prétend être indispensable comme contre-pouvoir – en réalité les « sages » sont élus d'une manière encore plus éloignée du peuple, si possible, que les élus lambdas, puisque c'est par quasi-cooptation, par un groupe d'élus départementaux, on se pourquoi, ni comment de nommer un/une tel/telle sénateur/trice – suivent, quand ils n'aggravent pas, les injonctions du Président, quasiment sur tous sujets, sauf sur ceux qui leur permet de briller un peu avec une opposition en carton-pâte sur des sujets « de société » définis par la presse à genoux.
Les juges brillent aujourd'hui par leur indépendance. Ils emprisonnement et sanctionnent à tour de bras les opposants pourtant majoritaires dans l'opinion, à la politique du Président, pour des motifs imaginaires, quand ils ne sont pas carrément bateau et faux, comme le délit « d'outrage » que n'importe quel policier dépourvu de motifs de castagne ou de GAV, saisi.
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la consultation régulière du peuple (élection et référendum) ;
Jamais, ou presque, les français ne sont consultés. Leurs « représentants » estiment qu'ils ne sont pas murs, pas prêt. Et quand ils le sont, comme pour le referendum de 2005, il suffit d'un président issu de la population la plus éloignée du représentant-type – issu du peuple et attentif à lui laisser pouvoir -, en l'occurence Sarkozy de Nagy-Bocsa, fils de Prince, amis inconditionnel de milliardaires, pour écarter le referendum et signer contre l'avis des français, pour l'UE ultra-libérale.
Les élections sont une vaste blague, tant localement que nationalement. On l'a vu, les élus ne représentent pas le peuple, leurs programmes sont oubliés, sinon reniés dès qu'ils sont en poste et l'élection est obtenue par matraquage idéologique, manipulation des cartes électorales, arguments fallacieux, alliances contre-nature, basculement subit dans le camp qu'on rejettait le jour précédent...
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la pluralité des partis politiques ;
...Se résume à les partis autorisés par...les médias. L'extrême-gauche et la galaxie des petits partis sans définition politique générale sont de fait interdits, sans que ça gêne les courageux contempteurs du PAF que sont les hauts fonctionnaires du CSA.
A l'intérieur du cercle de la raison politique, on peut noter que les trois grands partis – en réalité, tout petits, pour avoir subit une fuite des adhérents massives depuis des années – PS, LR et LREM sont d'accord sur la même politique qui se résume en deux axes.
Toute liberté au Marché. Pas la peine de développer, chacun peut voir les conséquences fatales de ce délire de corrompus, en Amazonie, aux pôles, ou dans les suicides en hausse tant en activité qu'au chômage.
Aucune politique. On n'a pas un programme industriel, une politique réelle de création d'emploi, une ambition systématisée pour l'écologie, la Santé, les libertés depuis des décennies chez les trois dinosaures. En réalité, ces politiciens nous vendent du vent, et s'accordent de toujours plus confortables rémunérations et avantages divers en sabrant les protections minimes qui nous restent.
La pluralité est un attrape-con, un argument complètement usé, qui n'a pas plus de réalité que l'amitié dont les banques nous gratifient dans leur pub. Mis à part FI, un seul parti : le pouvoir. Un seul mort d'ordre : l'argent. Une seule ambition : mentir assez bien pour durer quelques decennies dans le cocon.
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l'indépendance de la justice.
Ruffin, comme les autres, a pu voir des juges manifestement aux ordres. Ils ont pris parti contre le peuple, en le condamnant lourdement pour s'être rebellé contre cette autocratie qui n'écoute que sa voix, ne respecte que les courbettes. Ils ont balayé cette indépendance pour servir le pire. Car les tribunaux ont tout d'une justice d'exception, comme en 40, pour juger en masse, avec la plus grande partialité et sévérité, le peuple en jaune. Délits imaginaires, crédit systématique aux forces de police, vexations, aggravation régulières des peines par rapport à la jurisprudence ordinaire, et leçons directement descendue de l’Élysée infligée par des juges qui ont sali la robe, pire, l'esprit de la Justice dont la balance impartiale est un symbole fondamental.
Parler d'indépendance de la Justice sous Macron, c'est à peu près spéculer sur le caractère vegan d'Hnnibal Lecter. L'indépendance de la Justice est structurellement, de toute façon, biaisée. Les juges sont nommés, promus par les autorités et leur champ, leur habitus fait qu'ils sont socialement contre, tout contre les grands bourgeois de la Macronie.
Sur tous les points la démocratie est moribonde. Le peuple le sent bien qui se débat, avant une révolte véritable peut-être, une insurrection.
La très fine séparation entre l'état d'exception qui est le nôtre et la dictature, c'est sûrement l'irréparable. Un tir à balles réelles.
MAJ 28/11/2019
Il aurait fallu parler, sans doute, de ce qui est le corolaire de ce basculement de la démocratie. L'arasement qui s'étend de la véritable opposition, dans les partis, et dans les hommes qu'on dit politiques.
Se pose encore une fois la question avec ces nouveaux doutes au-dessus d'un homme qui apparaît aujourd'hui comme un des champions de la Gauche, et qui faisait son apparition dans mon introduction. François Ruffin.
Il a été épinglé par Juan Branco, un jeune homme brillant sorti des grandes écoles, qui s'affirme, et jusqu'à présent sans contradiction, comme un opposant irréductible à Macron et cette figure du paraître, du mensonge orchestré et industriel qui accompagne la politique dans sa tombe.
Alors, un nouveau clou dans le cercueil de l'intégrité, de la politique telle que nos coeurs l'espèrent, des hommes politiques tels que nous les souhaitons ?...
Ici le live où Juan Branco revient pour commenter ces accusations. C'est avec doute et peine que je l'écoute, mais il faut écouter, même ce qui nous fait trembler et désespérer.
https://www.youtube.com/watch?v=vjum9nDkrx8
MAJ 29/11/2019
La réponse de François Ruffin :
https://francoisruffin.fr/ecopla/
Que peut-on tirer de ce bout d'audio ?
François Ruffin présente l'échange entre lui et Emmanuel Macron comme un épisode "stratégique" nécessaire pour s'assurer le buzz médiatique. Lequel devrait lever l'opinion et donner de la puissance aux Ecopla.
Le bout est très court. On ne sait où, ni quand il a été capté. On ne sait pas non plus dans quels échanges plus longs il s'insère, ni l'identité des présents, mis à part François Ruffin et Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie.
D'après François Ruffin, il y avait "les salariés, une cadre du mouvement coopératif, et l’équipe de Fakir". Tout ce monde a entendu l'échange qui est diffusé sur Nova, mais ne ressort avec retentissement qu'aujourd'hui. Qu'en ont pensé les salariés ? On n'en sait rien. On ne peut donc s'appuyer que sur ces douze secondes d'échange pour juger.
Il faut rappeler qu'à l'époque François Ruffin n'est que journaliste, même s'il ajoute "activiste". On peut comprendre qu'il pense d'abord en journaliste et recherche l'audience.
Il n'empêche que entre lui et Macron, se tisse un accord sur les "épisodes" du moment médiatique à suivre. Même si la volonté supposée de Ruffin est de faire monter la sauce pour les Ecopla, ce qui, en soi, n'est pas mauvais, l'impression demeure qu'on est dans une négociation "gagnant-gagnant" qui ne s'apparente pas à un affrontement mais à une négociation médiatique.
Difficile de voir là le Ruffin qui soutient le combat des Gilets Jaunes, combat réel avec blessés et emprisonnés, le Ruffin qui stigmatise avec virulence le Président - "vous êtes haï ! "
Bref, et compte tenu des réserves sur la nature du document et les circonstances, les deux adversaires s'entendent sur un moment commun qui s'insère dans une réalité bien plus large de combat entre des salariés jetés à la rue et un gouvernement qui soutient objectivement les patrons, même s'il peut faire des concessions rhétoriques sur la manière, des erreurs de positionnement.
Cet échange légitime, finalement, une espèce de "négociation". Alors qu'à l'époque, la négociation n'existait pas, au mieux ne débouchait pas - Ecopla a fermé; quelques salariés réembauchés ailleurs; tentative de Scoop a été étouffée. Pas plus qu'il n'y a de négociation aujourd'hui, où le gouvernement d'Emmanuel Macron combat violemment et pied à pied ceux qui sont les rejetés, pas seulement d'un usine, mais de l'ensemble du pays, les Gilets Jaunes.