Hommage à François Béranger
e poète sur son clavier dépose
des roses et puis des marguerites et
des lilas et puis tous les pétales
cueillis dans sa tête
la fleur abaque de son univers
compagne obligée
du fusil
de la croix
des ailes
des tombeaux
de la grâce
de la mémoire
qui s’en va
là où l’herbe songe
à repousser
sésame sans clé
seul à se tenir
prêt aux portes inouïes
le poète est une espèce
en voie d’apparition
contre
les ors
les barbelés
les machines
les leurres
le poète essouffle les vagues ritournelles
s’enroule dans les mots
lèche la langue épuisée
pour trouver
des motifs
des monades
des mosaïques
des mots vrais comme
les mots vrais
montrez-moi une fleur sans pétales
et je dessinerai un homme
montre-moi des chardons farouches
et je jardinerai l’avenir