petits pas, obstinations diverses
Par alainLasverne
a puanteur soufrée de la ville, certains soirs. On regrette le temps des pince-nez.
Je hume la télé jusqu'à ce que me saisisse la puanteur des rires enregistrés.
Le bois, les plantes, la viande et même les pierres ont leur parfum. Ce qui ne suffisait pas aux hommes, qui inventèrent le flacon.
Le parfum d'enfance c'est quoi au juste, pour le poète ? Le vaisseau douillet, direction nostalgie ou la cage première, direction obsession.
Incontestablement, le meilleur parfum que peut porter une femme, à mes yeux, ne sent nullement.
Sauf quand je quitte la pièce où nous nous trouvons, pour revenir quelques minutes plus tard. Alors sa présence me saisit, c'est délicieux.
On dit parfum on dit le presque, on dit le latent, la chose qui vient en douce nous rouler dans sa farine et faire germer un autre monde, dans le même.
On l'emploie à toutes les sauces, le parfum. Parfum de ci, parfum de là. Une figure épuisée d'être photographiée.
A l'approche des vagues, nous poussent des ailes. La fluidité de l'eau ne s'incline pas devant la transparence de l'air. Mieux, elle fait de lui le messager de sa présence. Alors nous inspirons profondément, alors au fond de nous ça clapote.
Les parfums bon marché sont vendus comme prothèse à des gens à qui ce même marché arrache peu à peu toute personnalité.
On devrait faire sentir l'odeur de la mort à tous les nouveaux-nés, ça nous épargnerait les sanglants épisodes dictatoriaux et la morgue persistante de ceux qui sont nés à l'abri.
Le vent soufflant sur l'étang de Thau soulève la robe des eaux, et mon nez joue les voyeurs.
« Parfum » vient du latin « perfumus », possiblement. Fumée « per », fumée à travers. La traversée d'une personne est un voyage vers un maximum de concentration. Le parfum ramène le trésor ultime, l'essence de l'être. Un être humain n'est-il pas, par essence, volatil ?...
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