Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Alain Lasverne.

Alain Lasverne.

petits pas, obstinations diverses


C2J11 - chronique du 2ème confinement - jour 11

Publié par alainLasverne sur 10 Novembre 2020, 10:14am

C2J11 - chronique du 2ème confinement - jour 11

 

Le temps compte les nuages, et les nuages comptent le temps. Mikaëla a posé la première phrase. Cinquantième tentative, ou pas loin. Quel succès. Aller plus loin ? Aujourd'hui ? Elle n'y songe pas une seconde, à peine une minute. Un peu pompeuse, la dite phrase. D'autant que, finalement, ça veut dire quoi, le temps etc.. ?

 

 

Johan émerge du côté adulte, de leur côté. Sa tignasse d'oiseau dans le vent crépite, non, c'est le coin de sa bouche qui crépite. Tirée par les tifs, la comparaison.

- Pourquoi tu souris ?

Lui ne sourit pas. Il a encore rêvé de sa boite. C'est sa boite qu'il aime. Il a vendu au moins quatre matelas de rêve. L'infect Bougnard l'a félicité. Gros libidineux vu une fois pour les dix ans de la boite à matelas. Sale souvenir. Elle est encore en chemise de nuit. Les yeux de Nicolas la cartographient au laser. Elle n'a pas à rougir, non, même si les nuages comptent. Un roman, tout entier, ça serait vraiment la classe. Elle a le temps, deux beaux enfants, des idées en pagaille et un mari qui. Chôme, râle et. S'excite. Il sourit, le traître.

 

 

- Non, les enfants vont se réveiller.

- On a redécoupé l'appart, ils savent. Ils savent bien pourquoi.

- Non, non...Ils sont trop petits.

- M'en fous, tu es le cocon de mon écrin, de mon écran, qui est de-dans, la perle des-dents, la-la, la-laaa...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?...

- Je dis à tes pauvres oreilles d'écrivaine décollée que je bande à mort

- J'avais remarqué.

Il la pénètre. Ça, il sait faire. Ça dure, ouh, ça dure. Johan, Johan. Et lui, Mika, Mika. Rituel pratique en phase extatique. Oh, les nuages défilent. Oh, la salive guérit toute blessure. Oh, on s'aimera tout le confinement, même pour dix ans, même avec un cierge au pied de l'éternité. Mille ans, mille ans, mille ans...

 

 

On bouge, derrière la penderie séparant les petits du reste du T2. Elle s'arrache à Johan. Il grogne, évidemment. Il n'a pas joui, lui. Pauvret. Elle passe la main dans ses cheveux doux comme une pluie de printemps. Poncif. Elle interpelle la penderie.

- On déjeune dans dix minutes, pas neuf, pas onze. En attendant, personne ne bouge.

On ricane, de l'autre côté. Johan entreprend de s'habiller. Il la tire à lui. Un baiser sur le front. Sur le front ??...Il chuchote.

- Je sors.

- Quoi ?

- Plus de clopes.

- Mais...

- Oh, ça va, mamie, j'ai droit à mon heure, non...

Mamie ? Mais qu'est-ce qui lui griffe la tête ?!

On tape sur la penderie.

- Manu, Lidiane, encore cinq minutes, les enfants. Le plus sage aura. Une histoire, d'accord...

- Maman...

- Chut !

 

 

Voilà l'oiseau habillé qui fonce vers la porte. Elle ne peut s'empêcher de lever une main. Oh, à peine. Rien ne lui échappe, tant pis.

- Quoi ?

- Ton masque, mon chéri.

- A la poche.

La poignée grince, la porte glisse. Air nouveau, air froid. Tu connais l'histoire du gars qui sort pour aller acheter des clopes, et qui. Évidemment, c'est connu, c'est vieux, rengaine. Je t'enduirai d'amour et je te lécherai. Pas partir.

La porte est moitié, moitié.

- L'autorisation.

Il explose, repousse la porte.

- Merde, j'en peux plus de cette merde. Qu'il aille se faire, le général Moije !

- Les feuilles sont là. Là !!...

Il gratte, il gratte. Son visage est vraiment gelé, même les cheveux sont gelés, tous gris. Pourquoi t'a crié, petite conne. Elle n'en sait rien et ne veut rien savoir. Il sort, il ferme, il s'en va. S'arrète juste avant de fermer. Salaud. La regarde d'un œil, une seconde, pas plus, et ferme. Il a souri ??? Putain de masque.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents