a nuit ne dort jamais dans un immeuble confiné
s'agitent sans repos des braises infiniment résilientes
à peine nées aussitôt éreintées
le feu imite la vie se consumant d'elle-même
tournent dans ma tête des lueurs mauvaises
attraper enfin un bout d'avenir
lâcher la montre, lâcher les aigres ressassements
bon dieu, les gardiens du Temps aux bouches fielleuses
remodèlent mon univers à l'heure de leurs montres molles
sommations et anathèmes percent de leurs flèches mon corps reclus
je me lèverai, les portes j'ouvrirai au 44 magnum
interdit
vous qui prétendez à la garde de mon corps
pour endormir mon esprit
interdit, entendez-vous, interdit
de confiner un immeuble où la nuit ne dort jamais.
L'immobilité, une douleur mentale
sur le balcon que la crasse endeuille
trois petits pots espèrent un fleuriste
sous mon regard ils s'emplissent
croissent les fleurs, se fanent bientôt car elles savent renâitre
combien de minutes ce cycle naturel, pas plus de trois me répète la montre
les fleurs confinés croissent à une vitesse singulière en ce siècle simulacre
elles ont à peine pris pétales et couleurs qu'en mon œil elles s'étiolent
vite un miséricordieux cachet, vite un autre regard
j'avance à moins que je ne recule
de trente-trois centimètres parallèles à la rambarde du balcon
au mieux de cent centimètres parallèles à la rambarde du balcon
dans la nuit indifférente à l'injonction d'une douleur mentale
l'immobilité.