crit après avoir re-écouté le poète là.
Écouté le poète. Il parle parfois trop, poursuit sa propre voix, s'enivre à ses embruns, habitué aux plateaux, un peu trop dessapé de son humilité.
Mais, oui. Mais, la définition qu'il donne de la poésie vibre encore, notamment dans le mot "insurrectionnel". Comme disait Ferré, "à l'école de la poésie, on n'apprend pas, on se bat".
Je me bats tous les jours pour libérer ma poésie des académismes, des contentions, des effets, des mollesses et de l'auto-apitoiement. Je me bats pour la laisser vivre aussi bien dans le roman que dans l'article, et dans les textes sans vraie place ni raison. Je me bats autant pour cadrer, utiliser les clous les plus perçants, les planches les plus arrimées. Je me bats pour continuer à me poser des questions immémoriales, avec le regret de ne pouvoir l'intégrale écriture automatique chère à Roussel, aux surréalistes. Combien de vers, quelle longueur, ce mot vaut-il, ce mot vaut-il celui-là ? Est-ce que ça veut dire quelque chose tout en laissant ma spontanéité s'épanouir au plus près de la liberté totale ? Liberté totale qui la ferait exploser dans le vide. Est-ce qu'il y a dans ce monticule de la sensation, une vision, comme un tout plus grand que la somme des parties ? Et, plus important, est-ce que j'ai réussi à voiler/dévoiler quelque chose qui me sautera aux yeux, cette part de moi, que je reconnais immédiatement, mais ne sait toujours pas, peut-être forcément pas, nommer ?...