a démocratie est malade de sa représentation.
Les politiques élus contemporains ne représentent les français ni par l'âge, ni par les revenus, ni par les origines sociales, ni par les contraintes professionnelles que subissent l'immense majorité des gens, ni par la mobilité sociale, ascendante pour les politiques, à tout le moins jamais descendante, particulièrement au plan national, ni par le rebond après licenciement, les élus trouvant toujours un pair pour les recaser à la tête de quelque institution, ou les aider à pantoufler contre une rémunération toujours très confortable dans quelque entreprise qui a une loi, un projet à faire passer, financer, ou une OPA à faire oublier.
Lesquels élus se recrutent dès la sortie d'une poignée d'école, où déjà ils ont franchi les paliers du savoir par la propulsion qu'offre un milieu aisé et une culture scolaire élevée favorisant la réussite scolaire de ses héritiers. Diplôme décroché, les jeunes diplômés bénéficient encore de leur milieu, celui-ci cultivant aussi l'entregent qui permet d'avoir les contacts avec des élus déjà en poste, ou avec les relations mondaines qu'ils entretiennent, les clubs qu'ils fréquentent.
Ainsi, le/la jeune diplômée de l'ENA, de Sces-Po, verra les portes des partis s'ouvrir à lui/elle, encore plus si papa ou maman est déjà dans les instances. Débutera une carrière cornaquée, formatée pour aboutir « en responsabilité » - une des expressions préférées de François Hollande. Résultat, de la vie limitée, des fins de mois hasardeuses, du harcèlement patronal, de la pointeuse, des cadences qui brisent le dos ou la tête , la couvée politique qui nous arrive depuis quelques années ne connaît rien. On affirme défendre « la veuve et l'orphelin » pour leur défendre d'espérer en une vie meilleure. Ponctions sans cesse élargies, aggravées, stigmatisation infamante contre les « assistés », Les politiques opèrent prioritairement contre ceux qui ne peuvent se défendre de la violence institutionnelle, contre ceux qu'ils devraient défendre.
Les privilèges, la conscience de caste et le travail d'érosion continue de la démocratie s'exercent et se renforcent sur fond de corruption. Corruption qui se combine avec l'endogamie élitiste des politiques pour générer une clôture vigilante des territoires, des procédures et des faits, dans un sentiment d'impunité méritée. La tache est tellement noble, la personne qui l'accomplit de si grande qualité, que la fin justifie les moyens.. En réalité, la corruption est motivée souvent par un esprit de lucre tout à fait privé et sordide, mais également par "l'esprit de meute", le renforcement recherché des groupes politiques, patronaux et autres, en leur donnant les moyens de l'action – cf les valises d'argent à destination des partis, qui défrayèrent la chronique, avant que ceux-ci ne trouvent des moyens plus sophistiqués pour continuer à s'enrichir, pour l'intérêt général naturellement.
La corruption règne, elle enfle depuis des années sans réelle contre-mesure, puisque ceux qui en bénéficient détiennent les moyens de réagir, ou de laisser faire.
La représentation est donc devenue étrangère et parasite, bref dommageable à la population comme aux idéaux et à la magnifique mission qui est la sienne à l'origine : défendre l'intérêt général. A ce point que le guide de l'Association des maires de France ne comporte aucun chapitre expliquant ce qu'est l'intérêt général et comment le défendre, et l'on n'y trouve pas une seule fois les mots « citoyenneté » et "citoyen"...
L'essentiel semble aller de soi pour ces gens, alors que cette mission paraît peu aisée à quiconque possède un minimum de bon sens, particulièrement en ces temps où le sport préféré de la représentation semble être de se servir plutôt que servir.
A défaut de révolutionner, pour l'heure, il faut reprendre à la base le recrutement la politique, le politique à la base. Il semble nécessaire de réaffirmer que la politique est à nous et que le politique c'est nous, les citoyens de base, qui devons le définir et engager sa mise en œuvre. Conditionner les politiques, leur signifier sans ambiguïté qu'après les festivités vient la diète obligée et le travail, voilà notre mission à nous, fondamentale et cruciale aujourd'hui.
Pour ce faire un permis politique à points me semble un projet que pourraient étudier et porter des associations comme Anticor, ou ATTAC qui œuvrent dans l'éducation populaire, après l'avoir critiqué et complété.
Permis Politique à Points
Il est basée sur l'idée que les représentant ne sont pas nommés pour nous remplacer, mais pour appliquer en prenant régulièrement la température et les ordres d'en bas.
Chaque élément positif pour postuler à la candidature donnerait un point. Le candidat acceptable devra obtenir tous les points pour réussir son parcours de candidat à la candidature. Les points ici listés sont le minimum minimorum qu'exige un statut correspondant à l'exigence démocratique et la réalité de la société française. Celle-ci est traversée d'un immense doute sur ses politiques et fourmille d'innovations pour dépasser la crise comme le salaire à vie, le salaire de base, le tirage au sort citoyen, les fab lab citoyens, sans compter les groupements qui se multiplient retrouver de l'air dans la démocratie, dans l'économie, dans le social. Tout cela germant dans une base que le pouvoir politique – les responsables et non pas leurs « petites mains » conseillers municipaux et autres assistants parlementaires - , à tous les niveaux, ignore sciemment quand il ne le dénigre pas. Le premier mot d'un politique pour qualifier un citoyen ou groupe de citoyens qui proposent ou défendent leurs droits, c'est "populiste". Son statut hors du commun, sa visibilité exclusive et son pouvoir de plus exorbitant le classe, lui, dans les populistes, qui ose nous parler de démocratie, service public, redistribution, participation, toutes choses qu'il détruit méthodiquement par la foi ou sa maréchaussée, ou les deux.
Les points Avant
- interdiction de postuler avec un casier judiciaire non vierge, à l'exception de ceux frappés par des décisions de justice visant à criminaliser une action citoyenne, syndicale ou prud’homale ;
- possibilité de postuler à partir de dix-huit ans.
- interdiction du cumul des mandats;
- limitation des mandats à deux séquences consécutives ;
- présentation par chaque candidat d'une série de mesures/projets dont la moitié serait à dimension impérative, sous peine de ne pas voir son mandat renouvelé ;
- limitation de la rémunération d'un élu à un salaire compris entre la rémunération médiane des français et huit fois le SMIC, ce qui correspond à plus que ne gagnent 99% des français.
Le postulant accepté rejoindrait le groupe des candidats à un poste local ou national. Il aurait alors alors la possibilité de briguer un mandat devant les électeurs.
Les points Après
- surveillance par un jury tiré au sort qui examinerait à mi-mandat l'avancement des réalisations impératives de l'élu et donnerait un avis sur l'action menée et des recommandations impératives pour le politique concerné ;
- retro-action citoyenne en fin de mandat, pour déterminer dans quelle mesure le politique à fait son travail d'élu tel qu'il l'a promis pour partie et envisagé pour le reste. Le jury déterminerait si l'élu mérite ou non d'être reconduit une fois, ou laissé de côté - la forme serait également collégiale avec membres tirés au sort ;
- implication citoyenne élargie, par referendums locaux obligatoires pour toute décision au-dessus d'un certain volume financier prévisionnel pour le projet proposé - minimum de 20 referendum/an, locaux ou nationaux.
Qu'on ne dise pas que c'est trop complexe : les Suisses votent une centaine de fois par an et s'en portent démocratiquement pas plus mal que nous, et le simple règlement de l'Assemblée Nationale est cent fois plus compliqué à appliquer que ces propositions.
Qu'on ne me dise pas que c'est une utopie. Dans une démocratie bardée de diktats, de certitudes, d'exclusion, de violence institutionnelle, de hiérarchie réaffirmée d'une caste, on a besoin d'imaginer parce que l'imagination c'est l'oxygène de ceux qui n'ont rien ou plus grand-chose, et le carburant du bouleversement.
Qu'on ne me dise pas que c'est insuffisant. Pour aller à l'autre bout du monde, il faut d'abord mettre un pied devant l'autre.
Ceci n'est qu'une ébauche que chacun peut s'approprier, critiquer ou compléter avec les idées et connaissances originales qu'il détient.
Nous devons reprendre ce qui nous appartient, la Cité et son devenir, les moyens d'existence et de coexistence à l'échelon local, national et international, sous peine de nous retrouver de plus en plus dépossédés, avec le terrorisme et la guerre permanente comme horizon ultime.