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petits pas, obstinations diverses

Air rance

Air rance

 

Air rancee 9 février 2015, François Duclos écrit dans Air Journal, organe spécialisé dans l'actualité de l'aéronautique civil : « Le groupe aérien Air France-KLM a enregistré en 2014 une perte nette de 198 millions d’euros, alors qu’elle était de 1,827 milliard l’année précédente, sur un chiffre d’affaires en hausse de +0,3%. La direction estime que les objectifs du plan de restructuration Transform 2015 ont été atteints mais prévient que les incertitudes sur l’avenir entraîneront un recul de l’investissement, la suppression de 800 postes déjà entamée, et un renforcement des actions de réduction des coûts unitaires ».

 

 

 

D'ailleurs le PDG, de Junac, est extrêmement optimiste, qui déclare « le plan stratégique Transform 2015 s’est achevé à la fin de l’exercice 2014 et a permis de considérablement redresser la compétitivité d’Air France-KLM. Les résultats de l’exercice parlent d’eux-mêmes : en dépit d’un contexte économique et concurrentiel difficile, corrigé de l’impact de la grève des pilotes d’Air France, l’excédent brut d’exploitation aurait progressé de plus de 50% en 3 ans, et le cash-flow d’exploitation aurait fait plus que tripler pour atteindre près de 1,5 milliard d’euros. » Il précise « Cette étape essentielle du redressement du Groupe n’a été accomplie que grâce à la mobilisation de tous les personnels. » 

 



 

Même sur le low-cost, Air France s'envole, en 2014. Traditionnellement positionnée sur une offre de qualité, voire de grand confort pour clientèle haut de gamme, la compagnie s'offre le luxe de gagner aussi sur ce terrain-là. Son entité « bas de gamme » Transavia voit ses capacités «augmenter de +8,3%, traduisant le développement accéléré en France (+21%, avec un coefficient d’occupation supérieur à 87%)...[ ]...Le trafic a augmenté de +8,0% et le nombre de passagers a presque atteint les 10 millions (9,908 millions de passagers). Le coefficient d’occupation est resté élevé (89,8%, en baisse de 0,2 point) en dépit de la forte croissance des capacités. Le chiffre d’affaires de Transavia s’est élevé à 1,056 milliard d’euros, en hausse de +7,3% »

 

En 2015, ça va mal M. de Junac ? Vos émoluments confortables risquent-ils de chuter avec l'entreprise ?

 

Eh non, pas si mal, en juillet 2015. Il convient de rassurer nos grands voyageurs que sont les politiques et les patrons. Notre PDG préféré précise, dans ce jargon dont on fait les casques à pointe, qu'il y a une « bonne génération de cash-flow libre d’exploitation à 274 millions d’euros » et que la compagnie poursuit son désendettement au point que la dette nette s’affiche à 4,55 milliards d’euros. Baisse de 857 millions d’euros par rapport au 31 décembre 2014. Le ratio dette nette ajustée / EBITDAR est même en amélioration par rapport au 31 décembre 2014. La facture de carburant est aussi en baisse de 1,5% de 18,2%.

 

Pourtant il convient de poursuivre la chasse au gaspillage, salarié naturellement. Nouveau plan Transform 2020. Il a remplacé celui de 2015, dont les salariés ont atteint tous les objectifs fixés. C'est pas parce que la compagnie se redresse qu'il convient de relancer d'inconvenantes exigences, pire, de vouloir stopper les mises en pré-retraites, les compressions de personnels, les renvois, les licenciements, les évictions, les congédiements, pour ne pas dire les dégraissages.

 

Si l'on en croit le Sénat, - qui héberge, ne l'oublions pas, un grand spécialiste du vol en la personne de M. Dassault Serge, de la célèbre famille d'avionneurs - ça va mal depuis toujours à Air France, d'ailleurs. L'affaire est entendue, ce n'est pas une compagnie compétitive. D'où la question en forme de clou pour cercueil que pose un éminent représentant de la vénérable autant que vénérée institution, fin novembre 2014, juste 2 mois avant l'analyse d'Air Journal soulignant, comme le PDG, des résultats très encourageants et un avenir optimiste pour la compagnie :

 

(question du Sénat au PDG Air France - 20/11/2014 ) « ...les comptes d'Air France-KLM sont dans le rouge depuis six ans, quelle analyse faites-vous de la compétitivité de votre groupe ? Comment résister aux compagnies low cost, qui sont en pleine forme, si l'on en juge par leurs commandes d'appareils ? »

 

Malgré les sénateurs amis des salariés d'Air France, la compagnie continue à faire des résultats positifs en septembre 2015. « Le groupe Air France-KLM a vu son trafic progresser de 1,0% le mois dernier à 7,3 millions de passagers, auxquels il faut ajouter les 1,4 millions de voyageurs accueillis par la filiale low cost Transavia (+3,6%). » , note Air Journal, qui précise un peu plus loin, pour les mal-voyants, que « le nombre de passagers transportés à progressé de +1,4% à 8,7 millions ; le trafic en PKT gagne +2,1% sur des capacités en SKO en hausse de +1,4%, pour un coefficient d’occupation à 90,1% (+0,7%). »

 

On mesure la nécessité impérieuse, pour ne pas dire nécessaire, d'annoncer par voie de presse aux tacherons qui ont appris à se serrer la ceinture sans l'aide de Weight Watchers, qu'il faut de toute urgence balancer à la benne 3000 personnes en 2 ans. Pour figurer l'impact de ce terrible coup de hache, une sociologue a rappelé dernièrement qu'il y a encore 500 Contis noyés dans le chômage et que depuis le funeste conflit il y a eu deux cents divorces parmi les ex-employés, ainsi que dix suicides.

 

Ceci dit, on peut comprendre M. de Junac. Il n'a pas distribué un dollar aux actionnaires depuis trois ou quatre ans. Ces pauvres gens qui s'obstinent à croire qu'ils vont tranquillement monter au ciel des méritants. Après des efforts inouïs, ils auront peut-être droit à une obole tout de même, si Tranform 2020 réussit. Il est à remarquer que ces gens ont juste continué, comme les sénateurs, à marcher sur le chemin de l'honneur en prêchant jour après jour la bonne parole au petit peuple d'Air France : il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Ils n'ont pas oublié non plus Junac dans leurs prières, et de lui faire comprendre qu'il n'est pas question de lâcher un CDI pour ne pas froisser un CDD, voire se lancer dans d'aventuristes augmentations de salaires. C'est un coup à bousiller la peur paix sociale ça. Des salariés, certes peu productifs mais bien adaptés à leur biotope au Ph pauvre en euros, ça se trouve pas sous la mallette d'un politique à Corbeil-Essonnes.
Avec une abnégation admirable, ils ont patienté, rongeant leur cigare et contemplant d'un air mélancolique les tourelles de leurs manoirs sis dans le sud des Yvelines, là où la main d'un Rom n'a jamais mis le pied.

 

Quant à Valls, on peut se demander jusqu'où il ira dans l'adhésion enthousiaste au vocabulaire et postures fascistes du patronat. Évidemment, on peut lui trouver l'excuse qu'il n'a décidément rien de remarquable, poisson lambda dans la caste politique que nous avons le plaisir, l'honneur et l'avantage de voir au pouvoir année après année
Profil type des individus de cette ethnie dotée. Famille fortunée et parcours « hors-sol » émergeant d'un niveau social upper-class, pour faire naturellement de bonnes études, prendre une carte d'un parti majoritaire avec une conviction bien choisie, opter lucidement pour le dévouement citoyen comme assistant, puis directeur de cabinet, ou chargé de mission d'un cacique. A 23, 24, 26 ans, guère plus, on démarre « en responsabilité » de maire, conseiller général, régional, européen, une carrière où la lucidité, l'entregent politique, la surface familiale et les idées soigneusement tempérées vers la droite, quand ce n'est pas l'extrême-droite à demi-mots, sont un sésame qui permet à ceux-ci de se reconnaître, pour méconnaître ceux-là.
Comme dit Macron, archétype presque drôle de cette morgue coiffée, il convient de considérer la boue du terrain, la méritocratie républicaine, comme obsolète. Obsolète, avec un « e » ouvert, ouvert sur la benne.

 

A l'évidence, les salariés d'Air France on fait d'énormes efforts, au point d'atteindre tous les objectifs d'un plan qui, d'habitude, est bâti de telle manière qu'il demeure en partie irréalisable, pour motiver le bagagiste de base et affaiblir toute auto-satisfaction peu compétitive. La compagnie gagne des parts de marché, s'impose dans les secteurs-clés, surpasse la concurrence pourtant rompue à faire du charter et autres transports pour le tout-venant. Bref, c'est une compagnie en pleine résurrection.
L'évidence, Junac dans ses discours la voyait et s'en félicitait jusqu'à dernièrement.

 

On peut donc penser que le complot et les coups ont été fomentés ailleurs. Au premier rang des coupables, les actionnaires qui ont dû se priver pendant des années, côtoyer une compagnie qui ne jouait pas avec les standards mondiaux : bénéfices à l'actionnaire en priorité, downsizing permanent, baisse délibérée de qualité, destruction des liens salaire/compétence, écrasement permanent des salariés et de leurs représentants, pour aussi timorés qu'ils soient.

 

Deuxième niveau d'irresponsabilité, de ladrerie, de démission confortable, l’État. L’État actionnaire a cédé aux actionnaires privés, « institutionnels » comme on dit pour désigner les vampires bancaires, assureurs, etc. La question du Sénat signalée plus haut pointe les choix ultra-libéraux partagés de la classe politique. Air France est pour eux, comme pour les patrons goinfrés, les actionnaires gavés, toute cette faune qui nous suce le sang, un modèle obsolète.
Ils parlent à la télé de Dassault de modèle social à préserver. Mais il n'y aucun doute dans ''esprit du français en CDD, mal payé, malgré Odoxa et autres serpillières sondagières. Ceux qui détruisent le modèle social, sacrifiant au passage 3000 personnes, ceux qui détruisent la qualité, le savoir-faire, la compétence et l'ardeur au travail, le respect de la belle ouvrage, ce sont les mêmes qui exigent comme porcs jamais rassasiés, des dividendes toujours plus gras. Ce sont les mêmes qui traitent le cœur d'Air France, la vraie vitrine du transport, le modèle social encore vivace dans l'esprit des français, comme des variables obsolètes, rétives, violentes.

 

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H
Merci pour le partage!
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