petits pas, obstinations diverses
Par alainLasverne
e matin, j'ai vu le dernier oiseau se hisser vers les cimes du ciel
Il montait, il montait
Je n'étais pas seul sur la place
Même si je ne les connaissais pas
Ils ne se connaissaient pas non plus
Nous n'étions pas seuls au fond de la Ville
Non pas si haut, non, il ne montait plus beaucoup
Nous étions quelques centaines, peut-être quelques milliers à le regarder
Rien n'était prévu ce jour-là, sinon l'envol du dernier oiseau
Ses ailles battaient plus fort,
Sa tête s'élevait, s'abaissait, cherchait son échelle de Jacob
Je ne voyais plus que le mouvement toujours ralenti de ses ailes
Du bas vers le haut, du haut vers le bas, les vagues s'étiolaient
Finalement, il accéléra frénétiquement
Mes poumons me brûlaient
Entama la spirale qu'il voulait ascendante
Des éclats de lumière percutaient le bord de ses ailes
Une traîne lumineuse le suivait maintenant dans sa course
Une onde claire qui tentait, semblait-il, de le propulser
Très haut, plus haut à n'en pas douter
Il s'est arrêté, en plein vol, il a stoppé au bord du ciel immense
Il s'est retourné et nous a regardés
Du moins, je le crois
Je ne sais pas ce qu'il se passait dans son âme d'oiseau
Je ne sais pas ce qu'il se passe dans l'âme des oiseaux
Hier, je me souviens, était un jour ordinaire
Je suis allé voir l'agitation autour du port envasé
Les machines qui grondaient pour tailler un chenal
Vers la mer malade
Je ne savais où tout cela nous conduirait
Peu m'importait
D'ailleurs, quand il m'a regardé
J'ai baissé la tête, nous avons baissé la tête
Comme si sur le sol il ne pouvait y avoir de reflet
Ce sol qui jamais, non jamais ne pourrait être renversé
Ce sol que jamais l'âme des oiseaux ne pourrait atteindre.
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