« Je » (suis) un poète contemporain vient de naître comme série. En voilà la teneur, la raison, ou plutôt l’envie profonde.
Je est un autre enfoncé dans la vase du présent. Les mots exorcisent sa peur, son affaissement. Poète, pourquoi, comment ?… La question est mal posée par la prêtrise d’une rationalité en faillite. Dos aux mur. Contemporain, je suis là, je vois, je vis comme je meurs. Je cueille des fleurs fanées, je cultive des arbres de plastique avec soin.
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je suis un poète contemporain
je demande où est l’avenir du passé
le passé est une merveilleuse machine
à inventer l’avenir
l’avenir a disparu avec le passé
ils sont réunis dans les poches de ceux qu’on nomme
dans les écrans de sable
dans les réservoirs dissonants
hommes et politiques
et politiques
jamais homme tout seul
jamais tout seuls ils ne sont
les mains grasses et lourdes des maîtres
dans l’ombre serrent leurs cous de poulets
leurs cervelles d’oiseaux
leurs résolutions en carton mouillé
accouchant d’une montagne de serments
distribués à la foire des hommes tout seuls
tous les cinq ans
l’avenir du passé tu te souviens
vers leurs faces illisibles je tendais le poing
la cire dans les oreilles
les mots déserts dans la bouche
ils ont fait leur homme tout seul
j’ai vu les cordes et j’ai vu l’argent
et l’ombre sale au-dessus
dans les nuages gris encore
à venir