« Je » (suis) un poète contemporain vient de naître comme série. En voilà la teneur, la raison, ou plutôt l’envie profonde.
Je est un autre enfoncé dans la vase du présent. Les mots exorcisent sa peur, son affaissement. Poète, pourquoi, comment ?… La question est mal posée par la prêtrise d’une rationalité en faillite. Dos aux mur. Contemporain, je suis là, je vois, je vis comme je meurs. Je cueille des fleurs fanées, je cultive des arbres de plastique avec soin.
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je suis un poète contemporain non-préempté
qui tente encore à l’âge où
ses nuages ne remonteront pas vers le ciel
qui tente encore de se dé-finir
en finir avec la fin des mots
existe-t-il un mot d’airain
je ne connais que le whisky
existe-t-il un mot de chair
je ne cherche qu’à me dé-finir
tous les mots à pétrir font passerelle sans cesse
je tente encore d’écarter ce rocher
sans cesse à retomber sur moi
là où la passerelle cédera
sous un mot qui m’aime
un mot si plein qu’il sera un nom
et portera toute la puissance que nous sommes
dès le premier gémir
là où la passerelle
pourra enfin dé-finir
je marche dans une flaque de pluie
mon pied soulève un éclat d’ailleurs
incroyablement lesté de temps
et de la suspension du temps