« Je » (suis) un poète contemporain vient de naître comme série. En voilà la teneur, la raison, ou plutôt l’envie profonde.
Je est un autre enfoncé dans la vase du présent. Les mots exorcisent sa peur, son affaissement. Poète, pourquoi, comment ?… La question est mal posée par la prêtrise d’une rationalité en faillite. Dos aux mur. Contemporain, je suis là, je vois, je vis comme je meurs. Je cueille des fleurs fanées, je cultive des arbres de plastique avec soin.
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je suis un poète contemporain et brille et bugue courant continu descendant dans les graves
en bout de nuit rêvé de ma mère déjà figée sur pellicule sépia le temps trop loin pour
la main qui s’étire et n’attrape dans ce jaunâtre rien
n’importe quel souvenir aimant ne demande qu’à
disparaître alors quelle est la couleur des draps battus dans la sueur de micro-traumatismes flashant les minutes et puis les heures et la nuit encore et encore et
visage après visage scène après qui s’enfuient à l’autre bout du temps et ma main qui
frotte mes joues qui se souviennent de la poussière d’étoiles glissant
devant mes yeux d’enfants toutes ces étoiles comme un rideau ouvrant sur le sommeil
suspendant l’espérance demain encore dans sa cage de nuit mais demain
quel est le nom de l’espérance qui convoque ces ignobles cohortes de robotiques autoritaires saignant la carte de nos existences à nous qui les avons convoqués
et nous que dire qui s’appellerait vivre ?
et nous que penser si ce n’est moi et moi et toi encore moi et moi toujours
je rêve seul essentiellement seul
le lien qui nous rêvait ensemble a fatalement disparu
même de mes rêves