« Je » (suis) un poète contemporain vient de naître comme série. En voilà la teneur, la raison, ou plutôt l’envie profonde.
Je est un autre enfoncé dans la vase du présent. Les mots exorcisent sa peur, son affaissement. Poète, pourquoi, comment ?… La question est mal posée par la prêtrise d’une rationalité en faillite. Dos aux mur. Contemporain, je suis là, je vois, je vis comme je meurs. Je cueille des fleurs fanées, je cultive des arbres de plastique avec soin.
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je suis un poète contemporain qui voit l’ombre au creux des lumières artificielles
neigent déjà les cendres du monde ancien
Orphée a su ce qu’il perdait à vouloir serrer le lien autour du don
dans son terreau putride s’enfonce à chaque mouvement le monde
les yeux fouillent savoirs et magies
le vide d’une unique certitude s’ouvre
même plus Orphée nous sommes là jetés
chacun de nos pas éteint une lueur
les girouettes d’acier perchées sur leurs monuments
ne désignent que l’ombre
dans les cendres je dessine un corps
j’attends ceux qui viendront le hanter
le faire vivre enfin
alors il se lèvera droit comme l’aube
alors sonneront les horloges
d’un temps dont je n’ai pas la clé
avec eux il s’en ira
aucune chaîne aucun coffre aucune dîme
ne le retiendront
il partira ancré dans une seule certitude
ne pas se retourner
sur la neige les cendres et ceux qui savaient