l’entrée de la chambre, notre amour dort sur la moquette.
Il glisse, glisse vers l’entrée comme s’il cherchait la sortie d’un sommeil épuisant.
Entre quelqu’un, dans la chambre où notre amour repose sur la moquette.
Il se penche sur notre amour.
C’est moi, ce n’est que moi, mon amour. Il existe des anges, sais-tu. Tu
ignores leur douceur, posée sur le papier. Dors, mon amour. Reviendras-tu à toi, un jour ?
Même les anges cessent de battre la campagne de papier. Leurs ailes se figent pile à
minuit, sais-tu. Dors, mon amour, et réveille-toi bientôt.
Minuit, c’est l’équinoxe d’amour, sais-tu. Tes yeux clos s’appellent minuit, c’est le nom
qui leur restera, après tout. Je les ouvre dans ton sommeil. Ils font un O et un O, et
encore deux O bien grands, sous la surprise.
Après minuit, mon amour reprend son chemin dans le sommeil qui est le sien. Belles
allées de pierre couvertes de mousse. Il s’arrête un instant devant l’empreinte des clés de
chair que nous avions forgées dans le plaisir le plus pur.
Tu dors, mon amour, la moquette ouvre encore ses bras pour toi. Un jour viendra, tu te
réveilleras. J’ai posé la montre à côté de ton oreille ourlée comme la mer quand elle est
tendre. Je la connais, ton oreille, et l’autre aussi. Je les connais toutes deux, comme je
sais tous les chants qui patientent au fond de ton sommeil. La montre affiche deux fois
tes yeux, mon amour.
Une fois O O
Une fois O O
Tes yeux d’or bleu regardent à jamais un être rose et doux. Il patiente à la porte des
magies inédites. C’est moi, mon amour.
O et O, c’est juste le début de tes yeux, je le sais bien. Et la fin, c’est aussi le début, tu le
sais comme moi.
Mon amour, il est bien temps que tu t’éveilles.