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Vin
A la force de ses machines, l'homme est parvenu à se faire sa petite niche à lui dans les immenses ères géologiques. A peine installé, il fait tant de bruit et bouscule tout avec tant de fureur qu'il va s'effacer bientôt lui-même de l'Anthropocène.
Inventaire poétique de ce qui va disparaître juste avant lui...Aujourd'hui, le vin.
22 poèmes pour un Anthropocène étalé sur 220 années, ou à peu près.
e vin des commencements et des fins
en ta bouche l'inédite ancienneté
sens le vent liquide soufflant du paradis
laisse couler le ruisseau de plaies et de baumes
le vin humecte déjà les rives où pousseront tes fleurs
comment dire une image sans son
le vin pèse tant qu'il allège
on se fait dormeur éveillé dans le lit du vin
sur le chemin des déserteurs on a toujours marché ainsi
on se fait pierre et cendres
sur la rive emporté peu à peu par le picador
la puissance du maître véritable s'appuie sur les mirages incréés
sans cesse nous sommes les fins de nous-mêmes
épuisés nous sommes d'êtres tant de fins
si peu devins
alors paix alors miséricorde dis le maître choisi
alors sa lumière punche l'hippocampe
et s'étendre et tendre et la main roule vers l'autre
dans ta gorge palpite plein de commencements
dégrafe vite leurs multicolores manteaux
in vino la vérité du dormeur aux milles têtes
In vino se réveille ses puissances et ses gloires
il sera lui comme l'autre sera là
il verra poindre les commencements de liens déjà sus
l'aube de toutes ces incertitudes à éclore dans la bouche du vin
alors le monde alors ta bouche qui souffle l'avenir
les rêves soudés dans ta chair et mon cristal immaculés
en plein ciel sous l'astre violet
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