• Trapèze

     

     

    Impressionné, un peu écrasé par l'autorité du vocabulaire de la techno-science. L'idée est de poser quelques-uns de ces monuments textuels comme barrière et guide à la fois, pour voir vers quel chemin le vocabulaire de la géométrie ou de la physique conduit, comment s'exprime la tension entre humanité et représentations théoriques.

    La série devrait comporter 24 occurrences, ou plus, le voyage étant le chemin.

     

     

    Trapèze'est une figure foudroyante. Elle s'élève vers le ciel pour tout conquérir, puis ses

    lignes reviennent sur elles-mêmes, comme une boite qui voudrait se refermer.

    Une boite à petits ou grands démons ?


    Je n'en sais rien. Sa toile d'araignée de lignes pures, voilà ce qui m'importe. Elle pourrait

    poser entre deux branches d'arbrisseaux voisins. Le soleil illuminerait ses lignes. Ce

    serait le matin, en forêt.


    La rosée du jour pleure sur la toile, glisse d'une ligne à l'autre comme un doigt léger. Le

    trapèze ne sent pas la mousse travaillée par la chaleur, ce petit jour de septembre. On

    espère des cèpes, des trompettes de la mort et quelques girolles.


    Le trapèze est ramassé. Prêt à bondir. C'est une figure majeure dans le déploiement de

    l'intelligence. Une bombe qui fait tic-tac, alerte les autres figures. Je le vois tournoyer au

    centre flou de mes pensées, cette bombe, et toutes ses petites sœurs surpuissantes.


    Trapèze vient de table. Stable figure, prête à éclater, pourtant, à s'ouvrir sur un monde

    autre. Le monde du dehors, au-delà, au-dessus du trapèze. La figure trapèze ne cesse

    d'appeler l'ailleurs, dans son enfermement compulsif.


    Alors, le poète convoque les images associées, qui ne s'appellent pas rectangle ou carré,

    mais bambou, ou nuages, ou bateau-phare. Ou golem, cyclope, plaies, mare croupie,

    asymétriades. S'il n'a pas peur du monde bouillant, s'il n'a pas peur de percer l'interface

    arachnéenne et glisser vers Pandore.


    Sans oublier la lumineuse et puissante épure, intimement liée au cloaque caché, dans une

    tension fugace que la rosée du matin appelle à vivre et puis mourir, pour revenir le

    lendemain.

     


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