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Sécu
A la force de ses machines, l'homme est parvenu à se faire sa niche à lui dans les immenses ères géologiques. A peine installé, il fait tant de bruit et bouscule tout avec tant de fureur qu'il va s'effacer bientôt lui-même de l'Anthropocène.
Inventaire poétique de ce qui devrait disparaître avec lui. Choses et concepts, sensations et idéaux sur le point de, ou déjà en chute dans le grand Déversoir. Aujourd'hui, la Sécu.
22 poèmes pour un Anthropocène étalé sur 220 années, ou à peu près.
e bureau des feignasses et des chochoteurs
catastrophait les matineux et les bosseux
il débrayait pour un oui pour un merde à la gueule des cigaroïdes
il gueulait fort le populo
un cabot de trop au boulot
il enfilait la rue des congés à l'As
plus manière de s'emmerder now sous la couette
le temps rétréci comme la paye
les fantômes lumpen disparus
le noir outerspace taffe dans les caves de Babel
pas le temps pour dodo
trois billets au black font pas matelas
on s'allonge pour crever
soigner les jetables
rime pauvre avec malade
congés maladie rime riche
avec dégage bamboula
délesté de la Sécu
le monde avance avec filet pare-balles
on tourne le dos à l'ornière faucheuse
on tourne aux anxios pour pas virer anxieux
on taffe à mort on paye plein pot
no hope return
ohé, du navire des pendules molles
ohé du bateau des zutopiens bronzés
cette nuit qui n'est que demain réduit à rien
je prendrai mon dernier stop
je tirerai la couette sur les mains et les pieds insensibles
je partirai sans hâte
et sans retour
nager à contre-temps d'une brasse infiniment paisible
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