D comme Déconfinement. Le confinement a laissé ses stigmates. Nos esprits meurtris font le deuil d'un avenir garanti. Le journal poétique en prend acte.

Forme tercet, pour quelques temps. Périodicité : toutes les quarante-huit heures.

a mer rumine à rouleaux réguliers

la lente lunatique la couve, là-haut

entre lune et mer, l'homme meurt en masse, sans plus de poésie

sous la croix verte le gel nettoyant vaut de l'or

la balance tarée à l'euro penchera-t-elle côté vie ?

la réponse en quelques gestes sans prix

personne ne dit plus bonjour, personne n'ose un au-revoir

les mots tremblent au fond du sens, les gestes butent sur le réel

un dictionnaire censuré engloutira bientôt tous nos pointillés

masques piquetés de fleurs des champs, éclatant de couleurs

masques gorgés de joie se pavanant dans les rues

les yeux au-dessus font peine

devant l'école on a planté des enfants sur des barres blanches

ils attendent immobiles la fin du grand jeu adulte

au moins le temps d'être sages pour de faux

contacts morts,  masques de mort, peur à mourir

toutes les barrières j'implore, tous les sursis je supplie

sortez-moi du couloir de la vie

un doudou en tissu traine par terre, abandonné

la masse de rêves et de bisous en ses flancs conservés

je les laisse à la menace encore suspendue et passe mon chemin

il est temps de rire enregistré

il est temps de travailler euros

quand viendra la nuit, je me rassemblerai sous la lune