L'avenir écarte déjà le rideau. Quelque chose comme un engourdissement le fait glisser de mes doigts. Cet entre-deux presque eschatologique, me pousse à écrire. D comme déconfinement, donc. Ecrits courts, sans autre contrainte particulière, dans un registre entre aphorisme et poésie. Périodicité : toutes les quarante-huit heures.

près le confinement, l'avenir tend ses lèvres humides

tout est possible : y aura-il un autre confinement ?

en temps déconfiné traîne le chroniqueur des survivants hilares

les violences, les suicides feront brèves puis statistiques absoluments confinées

j'ai pris la pluie et j'ai pris le soleil comme des enfants retrouvés

ils semblaient absolument vierges de toute intention maligne

voilà le temps des livres du confinement qui jacasseront confinement

volière mécanique et discordante qui tairait presque ma petite voix

un baiser rouge, flambant de salive et d'ardeur dérape sur

le geste barrière cuirassé de provocation

voilà le temps qui se pointe nous laissera-t-il le temps

d'être des pigeons, des éléphants ou des perroquets, nous laissera-t-il l'oublier enfin ?

quand je rentre chez moi, le détour pour atteindre ma porte

hésite à s'en aller encore dans les rue presque assoupies par la nuit qui vient

on voudrait en faire des vers et des odes et des élégies sans mot dire

le corps juste déplié rajuste son fatras et se campe dans la lumière, dehors