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Calme
A la force de ses machines, l'homme est parvenu à se faire sa petite niche à lui dans les immenses ères géologiques. A peine installé, il fait tant de bruit et bouscule tout avec tant de fureur qu'il va s'effacer bientôt lui-même de l'Anthropocène.
Inventaire poétique de ce qui va disparaître juste avant lui...Aujourd'hui, le calme.
22 poèmes pour un Anthropopocène étalé sur 220 années, ou à peu près.
quand les heures ralentissent l'air moite
une voix dit il fait beau
entend le paradis retrouvé
le balancement des ombres bouge mon corps
mon sourire s'étire au bout des plus fines branches du saule
c'est une harmonie solaire à dérégler toute boussole
c'est une lévitation nocturne aux creux des vagues
c'est toi et moi à la fin des temps
la promesse faite au monde bat lentement sous une pellicule heureuse
l'enfant de la Terre ensemence et la Terre le berce
retour éternel un instant
l'oeil du corbeau se trouble
la grenouille oublie de croasser
le tournesol s’arrête en plein chant
la mouette n'étire plus ses lignes
il est peut-être dix heures du jour ou de la nuit
l'horloge s'amollit chaque seconde
l'esprit habite la lumière inonde les corps
tu sais je sens ce qu'il y a à être
je sais tu sens ce qu'il y a à perdre
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Commentaires
Le paradis n'est pas tout à fait perdu, il n'est pas non plus tout à fait possible à retrouver...
Hou, c'est finement pensé, Henri !...